Nous sommes au village Sidi Al Jaï, au sud-ouest de Taounate. Dès l’aube, les habitants vaguent à leurs préoccupations journalières. D’habitude, le village est calme. Cependant, ces jours-ci, un événement dramatique a bouleversé les habitants. Hommes et femmes en parlent. Il est devenu l’objet de longues discussions.
Mais que s’est-il passé ?
Un jour, Mohamed, habitant de la région, est sorti très tôt comme à l’accoutumée. Il marchait à pas lents vers son lieu de travail. Il se contentait à éparpiller les salamalecs ou à répondre à ceux qui le saluaient. Tout à coup, il s’est arrêté l’air horrifié. Qu’est-ce qui l’a perturbé à ce point ? Il a juste articulé des mots incompréhensibles. Personne ne l’a entendu. Il n’a jamais imaginé faire une découverte aussi macabre même dans ses pires cauchemars. C’est horrible. Le spectacle abominable l’a affecté au point qu’il semble qu’il a avalé sa langue. Il ignore combien de secondes ou de minutes est-il resté ainsi. «C’est quoi ça ? C’est monstrueux», lance un autre habitant. Les membres inférieurs, le bassin et la partie intime d’un nouveau-né sont éparpillés. Quelques taches de sang répandues sur le sol. Les autres parties du corps sont introuvables. Sous le choc, personne n’a pensé poser la question, ni chercher la réponse.
Heureusement, quelques uns parmi eux ont au moins pensé alerter les éléments de la gendarmerie royale à Ouardzaghe. Quand ces derniers sont arrivés, la nouvelle s’est répandue dans le village comme une traînée de poudre. Les enquêteurs ont commencé leur travail sans perdre une seconde. Pour des crimes pareils, le facteur temps est précieux. En constatant la partie intime du nouveau-né, les enquêteurs ont conclu qu’il s’agit bel et bien d’un garçon. Mais où est le reste de son corps ? À l’œil nu, les enquêteurs ont déduit qu’il a été dévoré par les chiens errants. Qui a abandonné ce nouveau-né et l’a jeté en pâture aux chiens errants ? Celui ou celle qui a perpétré ce crime inhumain l’a-t-il tué avant de le jeter ou l’a abandonné vivant ? Probablement, il a été jeté vivant, pensent les enquêteurs qui ont remarqué des taches de sang sur les lieux.
Seulement, cette hypothèse ne peut être confirmée ni infirmée qu’après l’examen et l’analyse par les médecins légistes de la partie du corps retrouvée. C’est pourquoi cette partie du corps a été évacuée vers l’hôpital Al Ghassani à Fès. Mais, vivant ou mort, qui l’a jeté ? Les enquêteurs ont commencé à rechercher les femmes qui ont récemment accouché au douar. Mais le (ou la) criminel pourrait être issue d’un autre douar avoisinant.
Les enquêteurs ont pensé à cette hypothèse. Seulement, ils ont préféré commencer par ce douar où les parties du corps ont été retrouvées. Après investigations, les enquêteurs ont arrêté une jeune fille nommée Khadija, âgée de dix-sept ans, sans profession et célibataire. Soumise aux interrogatoires serrés, elle a craché le morceau. «C’est moi qui l’ai jeté», a-t-elle répondu aux enquêteurs les larmes aux yeux.
Fruit d’une relation extraconjugale, son fœtus semble être indésirable. Sa famille n’était pas au courant. Khadija a réussi à dissimuler durant tous les neuf mois sa grossesse. Mais, il semble que seule sa propre famille l’ignorait. Car quelques habitants ont révélé aux enquêteurs qu’elle était enceinte. «Je l’ai abandonné vivant», a-t-elle affirmé aux enquêteurs. Elle n’a pas pu le tuer avant de l’abandonner. Mais comment cette femme a-t-elle pu se rendre coupable d’un geste aussi abominable.
Aujourd’hui.