Les addictions sexuelles et les dysfonctions érectiles sont les deux sujets qui seront traités lors du 12ème Congrès marocain de sexologie qui aura lieu les 28,29 et 30 novembre à Casablanca. «Notre choix s’est porté cette année sur les addictions sexuelles, car il s’agit d’un sujet dont on parle peu dans notre société. Et pourtant ces conduites sexuelles le plus souvent considérées comme «normales» sont loin d’être rares. Quant aux dysfonctions érectiles, le choix de ce sujet s’explique par le fait que les médecins sont mal formés et mal informés à la prise en charge de cette pathologie», explique Dr Abderrazak Moussaid, président de l’Association marocaine de sexologie avant d’ajouter que «Ce congrès permettra ainsi de sensibiliser les médecins et à travers eux les patients qui hésitent encore à parler des problèmes liés à la sexologie». L’addiction sexuelle est une fréquence excessive, croissante et surtout non contrôlée d’un comportement sexuel. Le sexe devient alors une priorité absolue chez le sujet. Chez ces patients, la consommation pluriquotidienne peut atteindre 12 à 15 orgasmes. «Cette consommation d’orgasme est généralement associée à un syndrome anxio-dépressif», explique Dr Moussaid. Ces conduites sexuelles sont souvent associées à des comportements sexuels à risque et à la masturbation compulsive. Le patient présente plusieurs dépendances : des drogues utilisées pour augmenter le plaisir sexuel (haschich, cocaïne), l’alcool, recours à des accessoires sexuels, à des formes anonymes de désir sexuel (pornographie, sexualité par téléphone…). Ce trouble pourrait trouver son origine à l’adolescence où des masturbations excessives perdurent jusqu’à l’âge adulte. Selon M. Moussaid, les addictions sexuelles concernent davantage les hommes que la gent féminine. Mais il n’existe aucun chiffre qui serait en mesure d’évaluer ce phénomène au Maroc. Quant au traitement, celui-ci repose sur la prise d’antidépresseurs et la thérapie comportementale. Celle-ci permet de lutter contre l’angoisse associée à l’addiction. A noter que les psychothérapies demeurent un atout essentiel puisqu’elles permettent non seulement à long terme, de mettre fin au comportement addictif, mais de mieux comprendre l’origine de cette souffrance. Quant à la dysfonction érectile, selon M. Moussaid, 54% de Marocains souffrent de cette pathologie. Ce pourcentage est issu de la première et seule étude épidémiologique sur la dysfonction érectile qui avait été menée en 1999 et a concerné la wilaya du Grand Casablanca. L’échantillonnage avait porté sur 655 hommes âgés de 25 ans et plus. Il n’existe à l’heure actuelle aucune statistique fiable et à grande échelle. La dysfonction érectile est l’incapacité, fréquente ou régulière, d’obtenir ou de maintenir une érection suffisante pour entreprendre une relation sexuelle. Alors qu’il arrive occasionnellement à la plupart des hommes de ne pas réussir à avoir une érection, ou de la perdre de façon prématurée, un grand nombre éprouvent régulièrement ces difficultés. Les causes sont très variées. Le facteur principal est d’ordre psychologique. Il consiste en une perte de confiance en soi, c’est-à-dire une peur de ne pas être à la hauteur. Plusieurs médicaments peuvent être à l’origine de dysfonction érectile tels que les analgésiques narcotiques, les médicaments anticancéreux, les tranquillisants. Les Marocains, souffrant de troubles de l’érection, ont encore beaucoup de mal à parler de leurs problèmes sexuels à leur médecin. Notons qu’en Europe, 65 à 75% des hommes présentant un problème de sexualité n’osent pas consulter un médecin.
Leila Zerrour
Aujourdhui.ma