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Pour lui, ce petit document, semblable à tous les autres, ne mérite pas tant d’attention. La preuve, il n’y a pas beaucoup de femmes qui viennent le réclamer. Depuis trois jours qu’il a reçu sa commande, seuls quatre exemplaires ont trouvé acquéreurs et c’est grâce à la campagne télévisée que ce petit livre bleu a acquis ce peu de notoriété qu’il a aujourd’hui.
Pourtant, ce carnet de santé de la femme a été lancé officiellement le 8 mars 2006 à Rabat à l’occasion de la Journée mondiale de la Femme, par Son Altesse Royale la Princesse Lalla Meryem, présidente de l’Union nationale des femmes marocaines (UNFM), donnant ainsi le coup d’envoi à un nouvel outil pour la promotion de la santé de la femme. Le même jour, une convention a été signée entre l’UNFM, le ministère de la Santé et un organisme international, l’UNFPA de Rabat pour faire la promotion du carnet de santé auprès des femmes qui fréquentent les structures de cet organisme.
Avant l’élaboration de ce livret, les femmes utilisaient des documents épars, mais pas vraiment efficaces. Le carnet de santé de la femme a été conçu pour mettre fin à cette situation. «Le besoin de créer ce carnet s’est fait sentir depuis des années. Nous avons constaté sur le terrain que les femmes disposaient de très peu d’informations sur leur suivi médical.
Il s’agissait notamment d’ordonnances, de bilans, de radiographies qui font que, souvent, le médecin ou l’infirmière se perdait dans le dossier. Longtemps, la femme a utilisé de nombreux petits carnets (suivi de grossesse, contraception, hypertension artérielle, diabète …) contenant très peu d’informations et suscitant de nombreuses difficultés au prestataire de la prise en charge», explique le docteur Mina Abaacrouche, chef de division de la planification familiale au sein du ministère de la Santé, qui assure de même que ce document permettra un changement au niveau du comportement de la femme vis-à-vis de sa santé ainsi que la réduction des dépenses du fait qu’il lui évitera de refaire des examens car tout devrait y être clairement consigné.
Le carnet englobe tous les soins de santé prodigués (prévention, traitement, réadaptation et promotion). Aussi contient-il des renseignements allant de l’identité de la femme jusqu’à la prise en charge de la ménopause en passant par la vaccination, l’examen prénuptial, la planification familiale, le suivi de la grossesse, de l’accouchement et du post-partum, les soins médicaux et chirurgicaux, etc.
La mise en place de ce support informationnel et éducatif a suscité la contribution de plusieurs partenaires. Incontournable, le ministère de la Santé, avec ses structures centrales (la direction de la population) et les régions de Marrakech-Tensift-El Haouz et celle de Tadla-Azilal ont élaboré ce carnet et l’ont testé dans ces deux régions. Le volet technique et financier a été assuré par l’UNFPA qui s’est occupé de sa promotion. Ce rôle a été également assuré par l’UNFM, qui a contribué à l’élaboration des supports IEC (Information, Education, communication) ainsi qu’à la sensibilisation de la population au niveau national à travers les différents bureaux provinciaux de l’UNFM.
«Pour assurer sa pérennité, ce carnet est commercialisé dans les librairies et kiosques. En fait, il dispose de la même distribution que celle des manuels scolaires», explique Mina Abaakrouch. Mais qu’en est-il des zones rurales ?
A en croire notre responsable, il n y a pas de raison pour qu’il n’y soit pas disponible. «Nous encourageons les associations au niveau national à sensibiliser leurs populations cibles, mais aussi éventuellement à acheter ces carnets pour les distribuer aux femmes démunies», exhorte-t-elle.
Au-delà du problème de disponibilité du carnet de santé, le volet communication n’a pas été vraiment bouclé. Du côté des médecins, Mohamed Zarrouk, généraliste, avoue n’avoir aucune idée dessus. Il n’a pas été informé de son existence.
Il présente à ses yeux un document de peu d’intérêt puisque ne faisant pas partie d’un plan global : «L’idée en elle-même est intéressante, d’autant plus que les femmes changent fréquemment de médecins. Il permettra au docteur soignant d’avoir une idée sur les antécédents médicaux de sa patiente. Encore faudrait-il que les femmes soient sensibilisées sur son utilité vu le manque qui existe en matière d’éducation sanitaire», avance-t-il tout en signalant qu’au Maroc, la santé publique et privée représentent deux entités différentes alors qu’elles doivent prendre en charge un même citoyen. Elément qui risque de poser problème étant donné que le livret est destiné aux deux secteurs.
Si le docteur Zarrouk et ses confrères n’ont pas été informés de l’existence de ce document, c’est parce que le volet communication, entamé récemment par le ministère de la Santé, est en cours. Une circulaire a été envoyée à toutes les préfectures à l’adresse des médecins et des infirmiers pour qu’ils soient formés à ce nouvel outil. Le ministère de tutelle a également prévu de formuler un mailing pour aviser les médecins privés du Maroc.
Les délégués de la Santé se chargeront d’informer les médecins privés de l’existence de ce carnet.
Une fois ce dossier bouclé, le ministère projette d’élaborer un carnet dédié à l’homme. Il reste juste à trouver la structure qui va s’occuper de son montage financier.
Bon à savoir
• Le «Carnet de santé de la femme» donne une vision globale et complète sur l’état de santé de la femme et aide le prestataire à une meilleure prise en charge
de ses soins.
• C’est un document éducatif, puisqu’il donne des conseils pratiques à la jeune fille et à la femme, leur permettant de mieux suivre leur état de santé et de prévenir certaines maladies.
• Il est accessible à partir de 15 ans.
• C’est un outil d’information entre la femme et les professionnels de santé.
• Ce document est personnel et confidentiel.
• Le carnet doit être présenté à chaque visite auprès d’une structure de santé publique ou privée.
Plan du «Carnet de santé de la femme»
• Identité et caractéristiques de la femme.
• Antécédents.
• Vaccination.
• Planification familiale.
• Suivi de la grossesse et de l’accouchement et du post partum,des seins et du col de l’utérus pour le dépistage du cancer.
• Synthèse des consultations médicales.
• Synthèse des interventions chirurgicales.
• Synthèse des maladies chroniques (diabète, HTA, cardiopathie….).
• Synthèse des manifestations liées à la ménopause.
Kenza Alaoui
LE MATIN
