«Notre but est que les enfants n’aient pas d’étiquette ‘‘Bayti’ …»

Que représente l’acquisition de ces deux appartements pour Bayti ?

Ces deux appartements ne sont pas une finalité en soi, c’est un outil. Il ne faut pas oublier que Bayti œuvre dans la réhabilitation et la réinsertion des enfants en situation difficile et particulièrement les enfants de la rue. Il y a aussi des enfants travailleurs, d’autres qui étaient en détention, des migrants clandestins, de petites bonnes et j’en passe. Le foyer est un lieu d’accueil représentant un moyen de finaliser une réintégration qui se veut sociale, psychologique et aussi économique. Nous avons besoin d’espace pour accueillir ces enfants parce que cela pose problème, et ce, d’autant que nous avons des difficultés pour trouver des loyers. Ce n’est pas évident.

Quel est le plus d’un appartement par rapport au foyer central ?

Il est important pour nous d’avoir des appartements un peu isolés, dispersés… Il y a un foyer central de transit, en plus de cinq autres appartements, la ferme pédagogique, etc. Mais le but est que les gens soient dans leur environnement, qu’ils n’aient pas une étiquette sur le front où est écrit «Bayti».

On va ainsi, progressivement, les mettre dans des appartements, à raison de dix enfants dans chacun. C’est déjà beaucoup en principe mais on ne peut pas faire moins. L’appartement n’est qu’un lieu de vie, c’est comme s’il vivait dans une famille et que ses étapes de vie se construisent en toute cohérence, pour qu’on ne soit pas dans la ghettoïsation ni dans les marques de l’institution.

Quelles sont les ambitions de Bayti aujourd’hui après 12 années d’existence ?

Nous aspirons réellement à établir un partenariat avec la ville et le ministère pour avoir un programme «Indimaj», une approche intégrée pour les enfants de la rue de Casablanca, pour introduire les dimensions du Samu, des associations, etc. Malheureusement il y a trop d’actions qui manquent d’efficacité .

Cela est donc de nature à clarifier le rôle de chacun et, peut-être, permettre à chacun de se spécialiser dans un domaine bien précis pour que l’on ait une chaîne globale, où on codifie le circuit de prise en charge d’un enfant.

Un bilan du travail de l’association en deux mots.

En vrac, suite au bilan 2005, on était à 17.347 enfants pris en charge en dix ans, avec 35% de réintégration familiale réussie, 99% de réintégration scolaire, 35% de formation professionnelle, 25% d’insertion emploi, 5% de projets d’auto-emploi, un volet prévention très important.

Sur un autre plan, nous avons débuté avec 5 éducateurs pour atteindre 51 aujourd’hui. Nous avons commencé à Casablanca. Le plus important est que nous avons développé des outils et une approche méthodologique, de sorte à ce que nous enseignions notre méthode dans plusieurs pays arabes et européens, particulièrement l’Espagne et la France, autour de la problématique de la migration clandestine.

Propos recueillis par Abdelhakim Hamdane

LE MATIN

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