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Lutte contre la pauvreté : l’incontournable arme de la microfinance

Cet outil est devenu à travers le temps un moyen des plus performants pour améliorer les conditions de vie de centaines de millions de personnes dans le monde. Pourtant ce n’est qu’ en 1997 que le premier Sommet du microcrédit a vu le jour à Washington.

L’objectif était de lancer une campagne audacieuse visant à octroyer à 100 millions de familles les plus pauvres, particulièrement aux femmes, des crédits pour l’entrepreneuriat et autres services financiers et commerciaux à fin 2005. Plusieurs ont jugé que cet objectif était beaucoup trop ambitieux et qu’il ne serait jamais atteint. Mais aujourd’hui le rapport annuel de la Campagne, qui fournit un point de repère crucial pour l’expansion du secteur, prouve le contraire.

En effet, à la date du 31 décembre 2005, 31.333 institutions de microcrédit à travers le monde, dont quatre marocaines, Zakoura, Amos, Fondep et Inmaa, ont affirmé avoir servi 113.261.390 clients qui ont un prêt en cours, dont 81.949.036 étaient considérés comme faisant partie des plus pauvres lorsqu’ils ont contracté leur premier emprunt. Parmi ces clients les plus pauvres, 84,2 %, soit 68.993.027 sont des femmes. Quelque 847 institutions ont soumis un plan d’action institutionnel en 2006. Ensemble, ces institutions représentent 88 % du total des clients les plus pauvres recensés par la Campagne.

Et, en supposant que chaque famille soit composée de cinq personnes, les services de microfinance desquels se sont prévalus 81,9 millions de clients les plus pauvres à la fin de 2005, ont bénéficié à environ 410 millions de membres de leurs familles, ce qui représente la population globale de l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni, l’Italie, l’Espagne, le Canada, les Pays-Bas, le Portugal, l’Autriche, la Suisse et le Danemark. La portée de la microfinance n’a donc plus rien de «micro». Dans le rapport, 91% des familles déclarées les plus pauvres se trouvent en Asie, un continent qui abrite environ 67 % de l’ensemble des personnes dans le monde qui vivent avec moins de 1 dollar US par jour.

Cependant, l’objectif de servir 100 millions de personnes parmi les plus pauvres n’a pas été réalisé et l’on s’attend maintenant à l’atteindre d’ici fin 2006/début 2007, ce qui serait déjà en soi un véritable exploit. Pour y croire, il n’y a qu’à voir les chiffres. La couverture de clients les plus pauvres est passée de 66,6 millions fin 2004 à 81,9 millions fin 2005, ce qui représente un taux de croissance de 23 % en un an. Au cours d’une période de huit ans, soit à partir de fin 1997 fin 2005, la couverture des clients les plus pauvres est passée de 7,6 millions à 81,9 millions, représentant une croissance globale de 978 %. Ainsi, si la Campagne maintient une croissance de 15,3 millions de clients les plus pauvres de plus par an, tel qu’elle l’a fait l’année dernière, elle réalisera son objectif de servir 100 millions des familles les plus pauvres du monde au début de l’année 2007.

A l’occasion du Sommet global du microcrédit qui se tiendra à Halifax au Canada du 12 au 15 novembre, plus de 2.000 délégués de plus de 100 pays, dont le Maroc, participeront à cet événement pour évaluer les progrès faits par le secteur de la microfinance dans la réalisation des objectifs fixés en 1997 lors du premier Sommet et approuver deux nouveaux objectifs pour 2015 : travailler pour garantir que 175 millions des familles les plus pauvres, en particulier les femmes, puissent accéder au crédit pour le travail indépendant et bénéficier d’autres services financiers et commerciaux d’ici fin 2015 ; et s’assurer que 100 millions des familles les plus pauvres franchissent le cap d’un dollar par jour ajusté à la parité du pouvoir d’achat (PPA) d’ici fin 2015.

Ceci équivaudrait, s’il l’on compte une moyenne de cinq personnes par famille, à ce que 875 millions d’individus en profitent et que 500 millions vivent avec plus d’un dollar par jour. Ce qui permettrait d’atteindre ainsi l’objectif de développement du millénaire quant à la réduction de moitié de la pauvreté absolue. Cependant, une question s’impose : la microfinance est-elle la solution miracle pour éradiquer la pauvreté ? La réponse est non.

En effet, la microfinance n’est pas à la source de tous les progrès accomplis dans le développement, tous les autres facteurs devront suivre. Mais en même temps, nier son énorme répercussion en matière de progrès social serait injuste.
Seule inquiétude : que les institutions de microfinance se focalisent sur leur performance financière au risque d’oublier leur mission première !

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Les femmes, cible privilégiée

Parmi 1,2 milliard de personnes qui vivent avec moins d’un dollar par jour, les femmes sont souvent responsables de l’éducation des enfants. Leur pauvreté se prolonge généralement dans le sous-développement physique et mental de leurs enfants. L’expérience démontre que les femmes constituent de bons risques pour le crédit, et qu’elles investissent leurs revenus directement dans le bien-être de leur famille. En même temps, elles profitent également de leur statut amélioré par le revenu qu’elles apportent au foyer.

Selon le rapport du sommet, parmi les 81,9 millions de clients les plus pauvres servis à fin 2005, 84,2 % sont des femmes, ce qui représente 69 millions de clientes. Du 31 décembre 1999 au 31 décembre 2005, le nombre de femmes très pauvres servies est passé de 10,3 millions à 69 millions. Cela signifie que 58,7 millions de femmes de plus ont reçu des micro-prêts au cours des six dernières années.

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Le profil des familles «les plus pauvres»

La campagne du Sommet du microcrédit définit «les plus pauvres» comme étant ceux qui se situent dans la moitié inférieure de la population vivant sous le seuil de pauvreté national ou tous ceux qui, comme plus de 1 milliard de gens, vivent avec moins de 1 dollar US par jour ajusté à la parité du pouvoir d’achat (PPA), lorsqu’ils souscrivent à un programme de microfinance.
Au Maroc, le microcrédit se caractérise essentiellement par le prêt solidaire dont les montants varient entre 500 et 5.000 DH. Il existe également d’autres formes de prêts individuels dont les montants sont plus importants allant jusqu’à 30.000 DH, montant fixé par la loi 18-97 relative au microcrédit. Cependant, fait remarquable, toutes les expériences menées, jusqu’à ce jour, dans le monde se sont soldées par un taux de remboursement des prêts supérieur à 95 %.

Dounia Z. Mseffer
LE MATIN

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