Un jour comme les autres, où Roqia, prénom que l’on donnera à la maman, était sur le point de faire une machine à laver. En triant le linge, sa main effleura quelque chose de rugueux sur l’un des sous-vêtements de ses bambins.
Ça n’a pas particulièrement attiré son attention, cette tache jaunâtre, pensant que c’était tout naturel de découvrir ça sur le sous-vêtement d’un enfant. Jusqu’à ce que la chose se répéte une, deux, trois fois… et sur les sous-vêtements de ses trois petits. Elle se rendra alors compte que ce n’était pas ce qu’elle pensait et que les salissures en question étaient bien… des taches de sperme.
Son sang ne fit qu’un tour. Son désarroi était incommensurable. Premier et logique réflexe, aviser son mari, qui portera le prénom de Mustapha. De retour de son travail, Mustapha apprit l’assommante nouvelle. Après concertation, parents et enfants tiennent ce qui pourrait être assimilé à un conseil de guerre.
Il y avait un ennemi qu’il fallait débusquer. Les enfants laisseront, cependant, les parents sur leur faim, car ils n’avaient rien à avouer. Roqia et Mustapha ne baissent pas les bras et reviennent à la charge, jusqu’à réussir à délier la langue des mômes. «On joue à ce jeu avec le concierge et les deux agents de sécurité de la cité…» : leur déclaration devait ressembler à ça. Deuxième – et toujours logique – étape du processus : destination le commissariat de police.
La plainte fut déposée, les suspects arrêtés et l’enquête diligentée. Les trois lascars nient les faits. Cela ne les dispensera pas pour autant de la détention préventive. Les coupables derrière les barreaux, la vie reprit son cours. Les parents retrouvèrent un peu de leur sérénité, sans pour autant pouvoir se coucher sans ressasser ce drame, et le voir resurgir au réveil : la peine que doit causer le fait de voir sa propre chair abusée sexuellement, à un âge aussi bas, se passe de tout commentaire.
Mustapha ne semblait toutefois pas trop affecté et montrait des signes de satisfaction : ça devait être le fait qu’il soit un homme et, de plus, les taches suspectes. Là, c’était le coup de grâce. Plus de premier et logique réflexe cette fois- coupables étaient sous les verrous et allaient payer pour leurs crimes…
Seulement voilà : un autre jour comme les autres, Roqia était face à son lave-linge. L’opération de tri lui causa le choc de sa vie et la renvoya à cette triste matinée, lorsqu’elle avait fait sa fameuse découverte. Encore une fois, les sous-vêtements des petits contenaient des traces suspectes : cette fois, c’est décidé, elle allait prendre seule les choses en main.
Elle décida de cuisiner les petits mais n’en tira pas grand-chose. Elle les harcèlera sans aucun répit, jusqu’à obtenir le nom du coupable : Mustapha lui-même ! Lorsqu’il est passé aux aveux, le père incestueux a reconnu qu’il pratiquait des attouchements sur les petits depuis près de deux ans, sans éveiller le moindre soupçon. Et voilà ! L’affaire est close. Ne vous attendez surtout pas à lire que ce dénouement a profité aux trois lascars, qui devraient être remis en liberté. Loin de là.
Ils sont toujours les hôtes de la police, vu que Yassine, Meryem et Leyla les pointent toujours du doigt eux aussi !
Abdelhakim Hamdane
LE MATIN