Elle est imprégnée, au même titre que ses frères et sœurs, des valeurs que leur auguste père défunt leur a inculquées dès l’enfance, qui sont l’attachement à leur pays et au peuple, l’engagement et la rigueur. Les années soixante-dix et quatre-vingts avaient été marquées, à l’ombre d’un père qui veillait au grain pour leur éducation, leur formation et leur ouverture sur le monde et les horizons de la planète.
Depuis sa tendre enfance jusqu’à l’âge adulte, S.A.R la Princesse Lalla Asmaa a présidé et assisté aux côtés de ses frères et sœurs à plusieurs événements marquants de la vie sociale au Maroc. Présidente de la Fondation qui porte son nom des sourds-muets ainsi que de la Société protectrice des animaux et de la nature (SPANA), S.A.R la Princesse Lalla Asmaa apporte à ces deux institutions, aux hommes et femmes qui en ont la charge, un soutien précieux, prêtant avec un volontarisme inégalé son écoute, s’enquérant ici de leurs problèmes, s’investissant là personnellement pour leur procurer soulagement et motivation.
Formée à l’école du Hassanisme, mère de famille prévenante qui accompagne comme ses sœurs les enfants à l’école, Princesse moderne et enracinée dans la tradition du Maroc ancestral, elle incarne aussi ce côté merveilleux de femme marocaine qui, accoutrée en caftan makhzénien ou en robe moderne, renforce une ouverture trempée dans un mystère propre à délier des langues et à susciter curiosité et commentaires. Elle frappe d’emblée les esprits, avec sa jovialité et son sourire spontané, discret mais attachant. Si, en effet, la rigueur protocolaire était en œuvre sous le règne de son auguste père, aujourd’hui sous le règne de Sa Majesté Mohammed VI, elle est un brin permissive, adoucie en quelque sorte mais jamais chamboulée pour autant.
Une Princesse dans sa grandeur sociale
Son Altesse Royale, malgré la discrétion et la pudeur qu’elle cultive, s’intègre parfaitement dans une vision de modernité nationale, où les traits essentiels sont l’engagement social, la fidélité à des valeurs de patriotisme, la présence sur le front du développement et des droits de «la femme», la protection de l’enfance, des populations soumises à la précarité ou handicapées, de la nature enfin.
On ne saurait interpréter sa discrétion comme une retraite, bien au contraire. Mais comme un trait de caractère, et Dieu sait qu’elle en a semble-t-il, tant il est vrai qu’au niveau de l’Association nationale des malentendants qu’elle préside, pour ne parler que de celle-ci , elle ne permet nul écart, et s’y engage comme dans une sorte d’apostolat.
La Princesse Lalla Asmaa représente la femme marocaine dans sa grandeur et sa splendeur, autrement dit la vertu de l’engagement, la présence familiale, l’attachement à la tradition millénaire, l’ouverture d’esprit, la discrétion et l’affabilité. Partageant ses activités entre ses devoirs sociaux et ses responsabilités familiales, elle est devenue un symbole aujourd’hui de la lutte en faveur des malentendants dont elle préside la cérémonie de fin d’année scolaire, à la Fondation Lalla Asmaa.
Et cette présence, physique et morale, aux côtés de cette catégorie fragilisée de notre population, sensible à bien des égards, porte la marque et nous fournit l’illustration d’une grandeur d’âme. Quelle n’a pu être la grande joie de ces enfants, à l’arrivée dans l’école d’une Princesse qui n’a jamais perdu son sourire, sa force et son affection auprès d’eux, qui leur témoigne non seulement la solidarité pérenne avec laquelle son frère, S.M. Mohammed VI les entoure, mais leur apporte sa tendresse à elle.
Leurs visages rayonnaient de bonheur et de fraîcheur, notamment lorsqu’elle a procédé à la distribution des prix et médailles comme aussi des appareils auditifs, lorsqu’elle s’est enquise ensuite de leurs besoins. Leur bonheur sera encore comblé par la réalisation du nouveau Centre Lalla Asmaa pour enfants sourds qui sera édifié à Madinat-al-Irfane, au coût estimé à quelque 10 millions de dirhams. Un pas extraordinaire a été franchi dans le renforcement des structures de formation : la création d’un cycle d’enseignement secondaire, conforme aux critères du ministère de l’Education nationale.
A chaque enfant d’entre eux, elle a le geste et le mot idoine, elle donne la certitude d’une solidarité à toute épreuve. La Fondation Lalla Asmaa pour enfants sourds-muets, créée dès 1968, s’identifie au combat d’une Princesse engagée. Plus de 140 élèves y sont accueillis chaque année, y reçoivent l’éducation, l’enseignement et la formation nécessaires et sentent chaque jour leur poids et leur insertion dans la société.
Cette frange de notre population, souffrant d’un déficit sensoriel, guettée par la fragilité et la marginalisation, est d’autant plus prise en main, encadrée, pourvue en appareils auditifs, aimée que Son Altesse Royale la Princesse Lalla Asmaa en fait un exemple d’engagement volontaire, propre à inciter la société civile à une prise de conscience. Elle s’investit personnellement et s’identifie à ce combat sociétal, qu’est d’une part la reconnaissance de cette catégorie de la population marocaine et, d’autre part, sa prise en charge par les pouvoirs publics et les partenaires privés.
Non seulement, elle y réussit, mais son engagement a valeur d’exemple parce qu’il repose sur des valeurs fondatrices que la Famille Royale a fait siennes depuis toujours.
Le peuple marocain, en célébrant l’anniversaire de S.A.R la Princesse Lalla Asmaa, rend hommage aussi à une dame d’action, à une maman et une femme marocaine, incarnant une triple responsabilité, modèle d’une fidélité à une communauté sociale, celle des malentendants qui se reconnaissent en elle, en son combat et aux idéaux qu’elle défend.
Donner, en effet, l’espérance aux enfants souffrants, réduire ou plutôt écarter le risque de leur marginalisation, les insérer dans le tissu social comme de futurs acteurs, responsables et jouissant de leur dignité. Son Altesse Royale incarne, ce faisant, une immense espérance, un engagement d’espoir à la fois solennel et populaire pour nous tous.
Hassan Alaoui
LE MATIN