Sans attendre de réponse, il se livre à vanter sa marchandise. Le ton sûr, il affirme que les dattes de Zagora sont réputées pour être les meilleures du Maroc. Et d’ajouter la marchandise qu’il vend est la récolte de l’année agricole 2006. Un autre client fit irruption dans le magasin et demanda le prix au kg. «25 DH», répond le marchand. «C’est un peut cher», rétorque le client. Abdellah Ben Talb, le commerçant lui, ne comprend pas trop les doléances des clients qui jugent le prix affiché un peu excessif.
«Ça se voit qu’ils ne sont pas au courant de toutes les charges que nous payons pour leur apporter les dattes de qualité», a-t-il précisé.
Le marchand était un homme mince d’une trentaine d’années. Sa silhouette fermement dressée devant l’étal en dit long sur l’itinéraire traversé par les dattes.
Il affiche constamment un grand sourire à tous les clients. «Acheminer les dattes jusqu’ici est une autre histoire, il faut vraiment se lever de bonne heure pour le faire », confie-t-il. «Les clients ne se posent jamais de questions sur l’itinéraire parcouru ni les frais engagés pour l’approvisionnement du marché».
En voici son récit : «Avant d’être ici avec mes dattes, j’ai fait tous les souks de la région de Zagora, d’Agdz et de Ouarzazate pour acheter les dattes qui sont souvent payées au prix fort entre 60 et 250 DH en fonction des variétés. Cette opération durait des semaines, voire même des mois.
Cette année mon frère et moi avons commencé à nous préparer pour le Ramadan depuis la fin du mois d’avril. Nous allons sollicité toutes les personnes qui avaient les meilleures variétés parce qu’on savait que les clients exigent de la qualité. Ensuite, nous avons stocké tous les achats en attendant l’approche du Ramadan. Vingt jours avant le début du mois sacré, j’ai effectué le départ vers Casablanca en compagnie d’autres marchands. Nous avons loué ensemble un camion moyennant 2,5 DH le kg transporté.
Chaque marchandise portait un numéro qui correspond à un propriétaire pour éviter des pertes en route. Une fois sur place, chacun récupère sa marchandise et commence la vente. Ceux qui ne disposent pas d’un local pour stocker leur marchandise louent un garage à raison de 2 DH la nuit pour chaque corbeille. Celle-ci pèse entre 5 et 8 kg. Entre-temps, mon frère est toujours au bled».
Il continue de sillonner les souks de la région pour acheter de nouvelles dattes surtout qu’on est à la période de la nouvelle récolte.
Abderrahman Ichi
LE MATIN