La surprotection est une attitude qui prédispose les parents à «excuser » l’adolescent, attitude à laquelle il réagit passivement.
Elle maintient l’adolescent dans une dépendance prolongée et le prive de toute initiative. La surprotection comme le rejet est une attitude qui tend à ne pas accepter l’adolescent pour ce qu’il est.
Chez les parents de l’adolescent surprotégé « couvé » il y a une «non acceptation » de l’enfant tel qu’il est. La surprotection des parents est une défense contre leurs propres angoisses face à un danger extérieur qui n’est autre que le refoulement de leurs ambivalences envers l’enfant. Dès lors, on assiste aux débordements d’amour parental, amour captatif, étouffant et créant une relation possessive avec l’adolescent.
Ce type de parents donne toujours raison à l’adolescent sans lui laisser l’initiative d’action ou de responsabilité, la vie de famille est organisée exclusivement autour des enfants.
La mère et la surprotection
Les mères surprotectrices recherchent chez leurs filles ou leurs fils un partenaire gratifiant qui compense leurs déceptions ou humiliations qu’elles ont vécues et ainsi renforcent leur narcissisme.
Elles sont souvent anxieuses et multiplient les soins, les sollicitudes à l’égard de leur enfant. Très scrupuleuses, perfectionnistes, hyper ordonnées, elles s’entourent de règles rigides et rassurantes pour mieux posséder l’univers de leurs enfants. Les adolescents ayant subis la surprotection sont souvent craintifs, immatures, incapables d’autonomie et ont parfois des troubles de sexualité.
Dans cette relation, l’adolescent est maintenu dans un statut d’enfant, il est timide, gauche, mal à l’aise dans ses contacts avec les adultes.
Chez les adolescents surprotégés quelles que soient les pratiques culturelles et le niveau socio-économique des parents, on retrouve les mêmes composantes communes à leur personnalité. Immaturité affective, indécision, sentiment d’insécurité, impuissance face aux responsabilités de l’échec.
En outre, lorsque l’image paternelle est défaillante l’identification sexuelle est perturbée. L’adolescent face à une mère surprotectrice vit une angoisse de castration et se sent atteint dans sa virilité. Le manque de confiance en soi, le sentiment de dévalorisation, le manque d’initiative et le refus d’assumer ses responsabilités par crainte de l’échec sont les conséquences courantes de la surprotection de la mère sur adolescent. L’anxiété de la mère crée chez l’adolescent une inquiétude permanente qui dépourvu de moyens de défenses adéquats, se réfugie dans la passivité ou la somatisation. Le moi de l’adolescent surprotégé est faible et il éprouve de grandes difficultés d’adaptation et de contrôle de ses tensions.
L e père et la surprotection
La surprotection du père se manifeste souvent par son attitude laxiste dans l’éducation de ses enfants. Cette attitude se traduit par l’absence de contraintes et un désir inconscient de séduction vis à vis de l’adolescent. Il arrive que les pères ayant reçu eux même une éducation, particulièrement « rigide » vengent leurs propres parents de l’éducation qu’ils ont reçue. Parfois, également, l’adolescent investi d’une haute mission « porteur de l’idéal du Moi paternel »obtient tous les droits et les faveurs du père.
Ces pères se présentent souvent sous un aspect calme, discret. Dans leur rapport à l’adolescent ils ne représentent pas le modèle de virilité ni d’autorité nette dont l’adolescent a besoin pour construire sa personnalité.
Le père surprotecteur, a une attitude affective exagérée, il est très présent, attentif et montre beaucoup de sollicitudes. La surprotection paternelle est un rempart face à l’absence ou à la rigidité de la mère qui pour diverses raisons ne peut assurer pleinement son rôle de mère affectueuse.
L’adolescent face à un père trop attendrissant est souvent replié sur lui-même, évite le contact social, manque d’initiatives et a un profond sentiment d’infériorité car veut «rester petit », ne pas se faire valoir et l’avenir ne présente pas d’intérêt pour lui. L’autorité paternelle, en tant que garant des normes et des exigences de la société est substituée à une attitude par laquelle les carences narcissiques du père sont comblées au détriment du développement de la personnalité de l’adolescent.
Comment se faire aider ?
Deux types d’actions thérapeutiques sont pratiqués.
La guidance parentale
Les modalités de la guidance parentales sont définies avec chaque famille en tenant compte de sa dynamique propre, de la personnalité des parents.
La guidance parentale peut ne pas suffire, on est alors amené à envisager un travail plus personnel avec le père et / ou la mère.
Ce travail permet aux parents d’appréhender la dialectique des relations familiales avec souplesse car c’est à eux d’abord et surtout qu’on peut demander d’être les artisans du changement au sein de la famille.
Aide à l’adolescent
Différents types d’aides à l’adolescent peuvent être envisagés.
Au niveau scolaire, il s’agirait d’individualiser et assouplir le travail à la mesure de l’adolescent en difficulté, de lui donner la possibilité d’expérimenter la réussite même s’il faut réduire le niveau de la difficulté du travail demandé. Plus il s’éloignera de l’échec, de micro succès en micro succès, plus sa confiance en lui se développera.
Un travail de soutien psychothérapeutique peut être envisagé avec l’adolescent. Il s’agira alors de rechercher la dissolution des affects négatifs et de retrouver les possibilités d’une réorganisation d’un moi plus fort. La normalisation de la situation scolaire et relationnelle de l’adolescent avec ses parents sera le principal objectif du soutien. psychothérapeutique.
Source : Menara – Florence Achard