Adolescence sous haute tension
Seconde partie : le rejet parental
Les sentiments négatifs à l’égard de l’adolescent sont bien souvent inconscients. Le rejet parental apparaît de différentes manières lorsqu’il s’agit de la mère ou du père rejetant
Rejet maternel
La mère de personnalité rigide et méticuleuse multiplie les interdits à son égard, ne peut fréquenter ses copines en dehors de l’école, moralisatrice sur la mode, elle lui impose un aspect vestimentaire rigide, veut tout savoir et n’admet aucun secret de la part de sa fille. On est en présence de mères envahissantes, captatrices, débordantes d’activité aussi bien à l’extérieur qu’au foyer, l’ambivalence ressentie à l’égard de l’adolescent provoque un sentiment de culpabilité qui se traduit par un contrôle excessif de l’enfant. Cette sollicitude anxieuse est en réalité la projection de leurs propres agressivités à l’égard de l’adolescent. Le désinvestissement scolaire est présent dans les deux cas et constitue une riposte contre l’agression de la mère.
Rejet paternel
Le père rejetant est abusif, exigeant, prend des décisions pour toute la famille, occulte toutes négociations familiales. Il prodigue le sens de devoir exagéré, a une emprise minutée sur l’horaire journalier des membres de la famille et manifeste des excès d’autorité et d’impositions arbitraires.
La référence au père dans la culture marocaine est extrêmement chargée de significations, tant identificatoire que structurante en particulier pour le garçon.
L’autorité du père est souvent synonyme de loi, d’interdits. Cette situation idéalisée à l’excès développe chez l’adolescent une angoisse profonde d’exclusion et une agressivité culpabilisée.
L’adolescent réagit souvent passivement à ces agressions. La passivité de l’adolescent vis à vis du père se traduit par plusieurs mécanismes de défenses dont la résignation et la soumission où le fils ne manifeste aucune violence extérieure. Cette obéissance apparente cache un conflit interne majeure à cause duquel l’adolescent ne peut réaliser aucun désir personnel.
Lors des conflits évident contre un père particulièrement violent, envers femme et enfants, l’adolescent réagit rarement par violence physique mais son agressivité destinée au père est reportée sur les éléments immédiatement susceptibles de servir de substituts, l’école, l’enseignant, la matière scolaire. Le déplacement de l’agressivité permet d’éviter le conflit direct avec le père qui est atteint sans être visé de front. Son attitude en milieu scolaire est jugée inadaptée et les enseignants reconnaissent que l’adolescent cherche à se faire punir.
La personnalité de ce type d’adolescent est marquée par une grande anxiété, des impulsions très violentes, d’agression, de mort, avec une certaine compulsion au suicide. La destruction symbolique du travail scolaire et la culpabilité engendrée par le désir agressif à l’égard du père conduisent l’adolescent à la provocation de l’autopunition.
Blessures narcissiques
Les frustrations engendrées par les relations défectueuses entre les parents et l’adolescent fragilisent le moi et laissent des blessures narcissiques. Le processus d’affirmation de soi se trouve entravé et l’adolescent pour sa sauvegarde psychologique renforce ses résistances.
Dès lors, l’anxiété, l’agitation et la dépression en tant que processus réactionnels du moi lui permettent de résister aux pressions extérieures. L’échec scolaire comme riposte à l’attitude parentale vise autant les parents que le sujet lui-même. L’adolescent se prend pour cible à travers son échec. Cette autodestruction est mêlée à son désir d’atteindre ses proches dont il veut tirer vengeance.
L’adolescent éprouve des sentiments d’infériorité et de culpabilité lorsqu’il est en situation d’échec. Infliger une punition à ses parents par son échec et s’autodétruire pour attirer leur attention sont des attitudes qui peuvent s’enraciner sur un fond aussi bien agressif que dépressif.
En milieu scolaire l’adolescent est terne, peu actif, absent et ne participe que peu à la vie sociale autour de lui.
En milieu familial, outre ses résultats médiocres, les parents expriment leurs difficultés à communiquer avec leur enfant qui a sombré dans le mutisme et l’isolement. Son opposition aux attitudes des parents crée en lui un état de tension pénible et l’adolescent se culpabilise pour la situation qu’il pense avoir créée avec ses parents. Dès lors, les conduites des protagonistes sont figées et bloquées dans une impasse où aucun d’entre eux ne peut modifier son attitude.
Troisième et dernier volet le 18 novembre 2005: Surprotection Parentale
Source : Menara – Florence Achard