La problématique de la fraude interpelle au Maroc depuis des décennies déjà. La sonnette d’alarme tirée depuis a toutefois fait revenir le taux à un niveau moins bas que ceux des autres pays de la région. Aucun chiffre officiel ne circule toutefois.
Le constat émane en fait de Daniel Paltrinieri, directeur régional de Visa International pour l’Afrique du Nord, Ouest et du Centre.
«Nous avons connu une période certes où la fraude a connu une réelle croissance mais, grâce aux mesures qui ont été prises au niveau du pays notamment avec la création d’un comité de lutte contre la fraude, nous avons eu d’excellents résultats.
Nous avons, dans un premier temps, œuvré avec les forces de sécurité. Puis dans un second temps, nous avons approché le pouvoir législatif pour une mise à niveau dans le domaine de l’électronique».
Côté équipementiers, cela fait depuis déjà une décennie que les opérateurs du secteur, notamment fournisseurs des guichets bancaires automatiques (M2M Group, Hightech Payment Systems et S2M), se sont attelés pour suivre la mise en conformité de ce moyen de paiement.
D’emblée, l’opportunité de leur business fut créée par l’exigence des deux grands mastodontes mondiaux en l’occurrence Visa International et MasterCard de voir l’ensemble du globe se conformer aux normes EMVM.
Pour le Maroc, l’échéance a été fixée à 2007.
Mais pour que l’action soit significative, la campagne de sensibilisation à l’utilisation de la carte monétique, tout court, a dû être enclenchée.
Car si le débat international est à la migration de la carte à piste à puce, les comportements d’achat des consommateurs marocains sont encore loin de converger dans ce sens.
Plus le chèque et l’espèce représentent toujours les deux moyens principaux de paiement.
C’était au mois de juin dernier et à l’initiative de Visa et le Centre monétique interbancaire (CMI) que la campagne de sensibilisation avait démarré.
«L’objectif est de doubler le nombre des cartes d’ici les trois prochaines années», déclare Daniel Paltrinieri, directeur régional de Visa International pour l’Afrique du Nord, de l’Ouest et du Centre.
La croissance est réelle mais diffère des autres pays du Maghreb.
L’Egypte représente ses caractéristiques propres. En fait, la monétique égyptienne a été calquée à partir du modèle anglo-saxon. Autrement dit, le crédit revolving était la base même du processus. Au Maroc au contraire, c’est le modèle français qui a été suivi pour instaurer un comportement d’achat à travers la carte monétique. Le débit étant l’opération essentielle enclenchée à l’issue de l’utilisation d’un tel moyen de paiement.
L’un comme l’autre ont été identifiés comme porteurs.
«Nous avons des équipes qui ont pour objectif de développer les différents marchés. Elles se répartissent les marchés marocain, tunisien, algérien et d’Afrique de l’Ouest».
L’ouverture en 2005 du bureau au Maroc représente en sus un élément stratégique pour accompagner le secteur bancaire.
Les cartes Visa sont à ce jour acceptées dans un réseau formé par 20.124 points d’acceptation à travers le Maroc, regroupés dans plus de 16.000 commerces.
Les statistiques montrent que le nombre total de transactions par cartes Visa au Maroc a atteint le nombre de 43,2 millions, soit 8% de plus qu’en 2004.
Reste que la fraude est encore le fléau à combattre par la migration du mode de paiement de la carte monétique lui-même (passage de la carte à piste à puce).
Il s’agira du tournant majeur. La carte à puce devra changer la donne. Rentrer le mot de passe pour valider la transaction deviendra le passage obligé.
D’une pierre deux coups, la sécurisation des transactions devra fidéliser davantage de porteurs de cartes. L’accès à de nouveaux produits implémentés à la carte sera également possible. Bref, la boucle sera bouclée…
En attendant, les préparatifs vont bon train. A titre d’exemple, la carte de la CNSS devra permettre le remboursement des prestations. Au-delà une telle carte pourra donner à son bénéficiaire accès à bien d’autres produits comme la consultation par exemple de son historique médical.
Dans un tout autre registre, Visa International vise également le développement des cartes revolving. Première en lice, Attijariwafa bank est la première banque à s’y atteler. La compétition s’annonce rude entre les différents établissements financiers…
Le consommateur devra savoir en faire la meilleure utilisation.
Dounia Essabban
LE MATIN