Tout le monde se rappelle le grand désarroi des téléspectateurs après le tour de vis dans le dispositif anti-piratage des chaînes et que plusieurs ont alors qualifié de «trahison». «C’était comme un coup de poignard dans le dos car nous comptions sur TF1 et M6 pour voir les matchs de la Coupe du monde», vociféraient les téléspectateurs.
Malgré les multiples efforts des hackers de Derb Ghallef, fief du piratage à Casablanca, les tentatives sont restées vaines. Les pirates n’ont pas pu venir à bout du dispositif anti-piratage installé par les bouquets. D’après ces «spécialistes»du décodage, il s’agissait d’un code dynamique, qui change chaque demi-heure. Une solution également adoptée par Canal Satellite qui, du coup, a totalement disparu du paysage audiovisuel piraté.
Mais pourquoi ce revirement de situation? «Les codes dynamiques qui changent régulièrement sont trop chers. Et les chaînes ne peuvent pas supporter leur coût éternellement», expliquent des pirates, qui avaient déjà prévu l’éventualité du retour des chaînes sur nos télévisions.
De toute manière, les férus des chaînes piratées, privés de leurs programmes préférés pendant cinq mois («Une éternité…», se lamente mon voisin), ont poussé un long soupir. «Pourvu que cela dure», espère un téléspectateur qui reste tout de même méfiant. Selon lui, on ne peut plus compter éternellement sur ces chaînes. Ce jeu du chat et de la souris entre les techniciens des chaînes et les pirates est devenu très aléatoire, voire agaçant pour les pirates, même les plus tenaces parmi eux.
A rappeler que les pirates (hackers et téléspectateurs) ont toujours fait preuve d’une grande ingéniosité afin de capter leurs programmes préférés. Pour servir leurs clients et sauvegarder leur petit business, les hackers offraient des abonnements mensuels. Contre 50 dirhams, au lieu des 20 dh habituels pour le «flashage» hebdomadaire, le client avait droit au code du jour. Les bons clients recevaient même le code par SMS. D’autres inconditionnels ont changé leurs récepteurs contre de nouveaux modèles qui permettent de capter certaines chaînes.
Ceux qui en avaient marre d’être surpris par des coupures qui surviennent souvent au mauvais moment, ont préféré dépoussiérer leurs vieux récepteurs analogiques. «Même si le nombre des chaînes captées est limité, cela m’évite les mauvaises surprises des ruptures soudaines et surtout de voir les débilités des chaînes nationales», souligne un téléspectateur.
Si le retour des bouquets TPS et Multivisions a fait le bonheur des «flasheurs» qui vont reprendre le business, il n’a pas été sans déplaire à un autre genre de pirates, à savoir les vendeurs de DVD piratés. Selon l’un d’eux, quand les chaînes disparaissent, les clients se rabattent sur les DVD. Une aubaine pour les marchands qui voient leurs bénéfices augmenter de presque 50%. Mais quand les chaînes reviennent, ils replongent,…à chacun son tour !
Mohamed Akisra
LE MATIN