En fait une nation qui n’accorde pas tout l’intérêt nécessaire au domaine stratégique de l’enseignement et de l’éducation ne pourra jamais rêver d’un avenir stable et florissant ni affronter avec foi et confiance la marche fatale et impitoyable de la mondialisation. Ce sont des vérités, que nous devons toujours avoir présentes dans nos planifications budgétaires.
Mais la question qui se pose avec acuité et insistance : « quelle formation donner aux nouvelles générations pour qu’elles soient en mesure d’affronter les défis inévitables qui se précisent de plus en plus » Une autre question non moins importante : comment former des individus capables de relever ces défis et être à la hauteur de leurs responsabilités futures ?
En fait le Maroc a un besoin ardent de citoyens conscients de leurs devoirs, capables de cohabiter eux, de s’entraider et capables d’affronter ensemble des obstacles, de les dépasser avec succès et de réaliser des performances dans tous les secteurs de la vie socio-économique.
C’est pourquoi les méthodes et les contenus des programmes scolaires sont tenus de répondre aux exigences de la société moderne. Ils doivent être adaptés aux changements perpétuels du contexte où on évolue. L’éducation d’aujourd’hui est appelée à s’ouvrir sur le monde extérieur.
Le temps de l’école enfermée sur elle-même est révolue à jamais. Un autre point non moins important concerne le côté quasi-théorique des cours dispensés surtout dans les spécialités littéraires. Il est urgent d’insister plus sur l’aspect concret en créant des séances pratiques consacrées à des thèmes fort importants tels que le tourisme, l’animation culturelle, l’étude des médias, la gestion des bibliothèques, les nouvelles technologies de l’information et de la communication etc.
L’éducation que nous préconisons pour le XXIème siècle se préoccupe, en premier lieu, de la formation d’individus jouissant d’un esprit critique objectif, qui soit capable de produire et non seulement de consommer, d’être actif au sein de la collectivité et non un être passif, qui ne participe nullement au développement de sa région. Bref, la nation a besoin d’êtres positifs, constructifs et optimistes qui ne se lassent jamais de leur noble mission de bâtir, de voir l’avenir avec espoir, qui aspirent aux changements, qui vont dans l’intérêt et le bien-être de tout le pays.
Des êtres qui comptent d’abord sur eux-mêmes et qui ont foi dans la science comme clef du progrès. A ce propos mon ami et collègue le docteur Ghali Aharchaou affirme dans son dernier ouvrage intitulé « La science, la culture et l’éducation : paris stratégiques pour le développement » que « l’insuffisance de l’esprit éducationnel arabe est due en grande partie à la conception de l’enseignement qui s’appuie essentiellement sur la théorie, le fait de remâcher les connaissances, leur enregistrement au lieu de les analyser et sur l’importance du côté théorique au lieu du côté concret et effectif… ». Ce livre important est paru en 2005 à Casablanca. (Imprimerie Annajah Al Jadida).
N’oublions pas le vieux proverbe français qui dit à juste titre « Une tête bien faite vaut mieux qu’une tête bien remplie ». Tout l’enjeu est dans la fructification des connaissances et leur exploitation dans des domaines concrets de la vie sociale.
Nous n’avons pas besoin d’entasser ni d’accumuler les informations et les savoirs dans l’esprit des apprenants mais de leur apprendre à les investir dans la pratique afin d’en tirer le maximum de profits matériels et spirituels pour leur bien et celui de leur patrie. A quoi sert l’action de bourrer la tête de nos jeunes de connaissances s’ils ne les utiliseront jamais et positivement dans leur existence ?
C’est la question vitale et pathétique que nous adressons à nos éducateurs. Il est donc grand temps de repenser nos méthodes d’apprentissage ainsi que de nos centres d’intérêts, qui doivent se focaliser sur les champs cognitifs les plus stratégiques pour notre croissance économique et notre évolution saine et constructive tant sur le plan personnel que collectif.
Nous ne pouvons avoir accès à la société du savoir qu’en produisant les outils de ce savoir, c’est-à-dire les livres et non en consommant ce qu’écrivent les autres. Il est navrant de noter que l’ensemble des pays arabes ne publient que 1,1% des livres annuellement de par le monde (selon les statistiques de l’UNESCO). C’est ce qui explique notre retard par rapport aux pays du Nord. Aussi faut-il inciter nos jeunes non pas uniquement à la lecture mais également à l’écriture et à la créativité en général. C’est l’un des buts noble de la nouvelle éducation. Celle-ci pousse aussi à la traduction des meilleurs ouvrages, que nous pouvons exploiter utilement. C’est l’un des principes capitaux pour le développement.
Ayons donc confiance dans nos capacités afin de construire des individus qui croient dans la valeur du savoir dans le monde moderne, dans la primauté de l’éthique et de la bonne conduite.
Des individus qui prennent des initiatives courageuses pour lutter contre certains maux sociaux et en premier lieu l’analphabétisme, la pauvreté, la maladie, l’injustice entre les sexes, la corruption, la passivité et le gaspillage des deniers publics.
L’éducation du nouveau siècle nécessite l’engagement de toutes les couches sociales pour asseoir les valeurs éternelles à savoir : la coopération, la liberté d’expression et la reconnaissance de l’autre.
En guise de conclusion disons que ce sont là quelques réflexions, qui n’ont été suggérées par la place prépondérante et irremplaçable que tient l’éducation dans le monde d’aujourd’hui caractérisé par des changements perpétuels qui exigent des citoyens ouverts sur les autres capables d’affronter et de triompher des obstacles qui peuvent se dresser sur leur chemin et celui du développement global de leur nation.
L’opinion.