Ils ont la caractéristique d’appartenir aux corps sécuritaires de la région de Tanger, notamment de la police portuaire, de la police préfectorale, de la DST, de la Gendarmerie Royale, des Forces auxiliaires, des autorités caïdales et de la DGST.
Mis à la disposition de la justice, ils devront répondre, en effet, de leur implication fausse ou avérée dans le trafic de drogue et le réseau ainsi démantelés. Mohamed Kharraz, passé aux aveux, a notamment cité le dénommé Abdelaziz Izzou qui exerçait la fonction de chef de la police judiciaire et de la préfecture de police de Tanger de 1996 à 2003. Cependant la liste des noms fournie par Mohamed Kharraz concerne quelque 12 fonctionnaires de la police et de la Gendarmerie Royale.
L’enquête, qui est lancée et menée avec vigilance et diligence, déterminera la responsabilité et l’implication de chacun d’entre eux. Elle s’inscrit à coup sûr dans le cadre de la lutte pour la moralisation de la vie publique, elle n’épargne aucun champ social, aucun secteur et aucune personne, quelle que soit sa position dociale.
Force nous est de dire, dans ces conditions, que nul n’est désormais à l’abri , ni au-dessus de la loi. Pas plus n’importe quel trafiquant impliqué que Abdelaziz Izzou, pourtant employé dans l’administration des Palais Royaux. Est-ce à dire que le principe de justice, comme l’a formellement souvent réitéré S.M. le Roi, s’applique à tout un chacun.
Il n’y a pas longtemps encore S.M. Mohammed VI avait dénoncé une indulgence émolliente et annoncé, dans l’une de ses formules fortes, que c’est «la fin du laxisme». Une seule justice pour tous, c’est aussi la fin de l’immunité dont quelques barons ou caciques croyaient se prévaloir facilement et impunément. Dans le même souci de faire prévaloir la primauté de la loi, de favoriser aussi la moralisation de la vie publique, le Souverain en a appelé au renforcement de la confiance entre l’Etat et les citoyens, entre ceux-ci et les institutions de la nation et à la mise en œuvre d’une gouvernance nouvelle, fondée sur la confiance et hissant la transparence au rang d’une exigence.
D’autant plus qu’une affaire comme celle du trafic de drogue à Tanger, quand bien même elle pourrait mettre en cause quelques personnalités en vue, tentées d’invoquer une immunité de par leur rang social élevé, ne saurait constituer un quelconque complexe ou intimider la justice. Cette affaire fait l’objet d’une procédure judiciaire régulière, au même titre que celle concernant le réseau terroriste Hassan Khattab, qui a conduit à l’arrestation, aux interrogatoires et à l’ouverture d’une procédure à l’encontre plus d’une cinquantaine de personnes dont des femmes de pilotes d’avion.
L’affaire de Tanger n’est pas non plus étouffée, tant s’en faut, parce que la transparence de l’information caractérise le processus d’enquête et parce que la rigueur morale impose que les personnes citées, soupçonnées sans doute, ont été déchargées de leur fonction en vertu justement du même principe de justice et de régularité et dans un souci de ne pas gêner le cours de l’enquête.
Or, le principal point à mettre à l’honneur de la justice, c’est la décision de renforcer, conformément à la volonté Royale, le cadre des droits de l’Homme et le champ de la lutte anticorruption, qui sont autant de piliers de la démocratie et de la liberté.
Dans la vision de Sa Majesté le Roi, il n’est pas de démocratie sans institutions solides, respectées et auxquelles adhèrent tous les citoyens. II n’est pas non plus de développement économique et social assuré, sans un environnement sain et moralisé, qui se fonde sur la transparence et une justice pour tous, une justice solidaire parce qu’elle inscrit sur son fronton la devise que «nul n’est au-dessus de la loi» et qu’elle met fin à l’impunité et au laxisme.
L’affaire de Tanger, comme celle du réseau Ansar al-Mahdi, illustre plus que jamais la mise en œuvre d’une justice au-dessus de tout soupçon. Elle éclaire aussi l’opinion nationale et internationale sur la nouvelle éthique qui régit les rapports entre la loi et tous les citoyens, quel que soit leur rang.
Hassan Alaoui
LE MATIN