Arrivés jeudi à 18 heures à l’aéroport El Massira d’Agadir, les prisonniers ont débarqué de deux avions spécialement affrétés pour cette opération qui, rappelons-le, est entièrement supervisée par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). A noter que c’est le département de la Défense américain qui a fourni les avions et non pas la Minurso, comme cela a toujours été le cas.
Parmi ces prisonniers figurent trois officiers. Un capitaine et deux lieutenants. Le capitaine Regragui est originaire de Nador et faisait partie, au moment de son arrestation par l’ennemi vers la fin des années 1980, de l’armée de terre marocaine. Quant aux deux lieutenants, ils étaient des fantassins.
Il va sans dire que cette libération est le fruit d’une vaste campagne menée par la diplomatie marocaine, certes, mais également par l’Association Marocaine des Prisonniers de Guerre de l’Intégrité Territoriale (AMPGIT). Son président, le capitaine Ali Najab, libéré en 2003 après 25 ans de détention, a joué avec tous les autres membres de l’Association, comme il tient à le préciser, un rôle extrêmement important.
En fait, tout s’est joué lors d’un déplacement aux Etats-Unis de six membres de l’AMPGIT. Nous avons convaincu, même les associations et les députés qui soutiennent ouvertement le Polisario, que ce mouvement est coupable des pires violations des règles du droit international.
Cette campagne a été payante. Moins de deux mois plus tard, les séparatistes ont compris qu’on ne badine pas avec l’Oncle Sam.
Et pour cause, l’opération de libération des détenus a été supervisée par un émissaire du propre président des Etats-Unis, Georges W. Bush. Il s’agit du sénateur américain Richard Lugar, président de la Commission des affaires étrangères du Sénat américain. Présent à Tindouf, il était prévu que Richard Lugar fasse le déplacement de Tindouf à Agadir, puis animer une conférence de presse dans la capitale du Souss.
A Alger, quelques heures avant la libération des prisonniers marocains, Richard Lugar avait affirmé que les Etats-Unis sont pour une solution politique dans le cadre de l’ONU du conflit du Sahara. Toutefois, il s’est abstenu de souligner le rôle des Etats-Unis dans cette libération, probablement pour ne pas embarrasser les dirigeants algériens.
En tout cas, le président américain George W. Bush s’est félicité jeudi de la libération des 404 derniers prisonniers marocains et apporté son soutien aux initiatives diplomatiques du sénateur américain Richard Lugar dans la région. A la demande du président, le sénateur Richard Lugar s’est rendu aujourd’hui (jeudi) en Algérie pour faciliter la libération des 404 derniers prisonniers marocains détenus par le Polisario, a indiqué la Maison-Blanche dans un communiqué.
Pour sa part, le gouvernement espagnol a espéré jeudi que la libération des derniers prisonniers marocains détenus par le Polisario créera une nouvelle dynamique de règlement du conflit du Sahara.
En fait, ces militaires marocains sont les derniers officiers, sous-officiers et soldats, dont les noms figurent sur les listes du CICR. La précision n’est pas fortuite. Selon bon nombre d’anciens prisonniers, le Polisario détient toujours des dizaines de civils et de militaires marocains.
Désormais, les autorités marocaines et la société civile doivent se mobiliser pour que le Polisario et le régime algérien n’exécutent pas, purement et simplement, ses prisonniers.
Car dans un communiqué diffusé mercredi soir par le bureau du Polisario à Bruxelles et signé par Mohamed Sidati, les séparatistes assurent qu’à travers cette libération, le front Polisario n’aura plus de dettes envers personne, il n’y a donc pas des reproches possibles à faire.
Il n’est donc pas exclu que les prisonniers toujours en vie, mais dont le CICR ignore l’existence, soient sauvagement liquidés.
Autre chantier : les civils sahraouis séquestrés dans des camps de fortune.
C’est ce qu’a souligné le ministre marocain de la Communication et porte-parole du gouvernement. Nabil Benabdellah a affirmé que cette libération n’occulte pas pour autant la situation de nos compatriotes dans les camps de Tindouf et la revendication du Maroc de permettre au Haut commissariat aux réfugiés (HCR) d’accéder librement à ces camps. Tout reste à faire.
source:aujourdhui