Toutes ces assertions sont tendancieuses, et ne tiennent pas compte des réels progrès réalisés par notre pays depuis l’année 2000. Sur le plan politique, le champ des libertés individuelles et collectives s’est considérablement développé, par la création d’une multitude d’Associations agissant sur tous le plans : politique, économique et social. Il existe un véritable pluralisme démocratique, et une réelle volonté d’assainir le champ politique.
Le Gouvernement n’a pas hésité à poursuivre certains candidats, ayant commis des fraudes aux dernières élections de la deuxième Chambre, et la justice a prononcé des peines lourdes à leur encontre. Un nouveau « principe d’autorité » a été élaboré, et le volet sécuritaire des responsables locaux, a fait place à l’exigence du développement économique et social. Le statut personnel de la femme (Moudawana), a fait l’objet d’une grande réforme tendant à garantir ses droits fondamentaux, et à promouvoir l’égalité entre hommes et femmes. Enfin, l’instauration de l’IER (Instance Equité et Réconciliation) a permis de revenir sur le passé douloureux des « années de plomb », à donner la parole aux personnes ayant subi un préjudice, et à indemniser les victimes. On peut affirmer que le Maroc se place au tout premier rang des pays démocratiques dans le monde arabo-musulman.
Sur le plan économique, les efforts ont été encore plus importants. Le FMI, organisme international impartial, dans son rapport 2006 écrivait « L’ambitieux programmes de réformes mis en œuvre par le Maroc depuis 10 ans commence à porter ses fruits. Les fondamentaux de l’économie se sont considérablement renforcés, dans la libération du commerce, le renforcement du secteur financier, les privatisations et l’ouverture du secteur des télécoms ».
Le taux de croissance moyen a été de +5,3% par an durant les 5 dernières années, et a atteint +7,3% en 2006. Les déficits budgétaires et l’inflation ont été maintenus à un taux inférieur à 3% du PIB. La Balance des paiements a été continuellement excédentaire, et les réserves en devises s’élevaient à 21 milliards de $ à fin 2006. Le taux d’investissement s’est également amélioré, et les IDE (Investissements directs étrangers) ont atteint 3 milliards de $ en 2005, plaçant le Maroc au quatrième rang africain après l’Afrique du Sud, l’Egypte et le Nigeria.
Sur le plan sectoriel ont été lancés les Contrats-programmes Textiles, Azur (Tourisme), Emergence (Industrie) et NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information), avec des objectifs ambitieux et précis pour 2010. Les infrastructures ont fait l’objet d’un effort particulier : Port Tanger-Med, Rocade méditerranéenne, Aménagement du Bouregreg, autoroutes, chemins de fer, centrales électriques, routes (2.000 Km ont été construit en 2006). Les Télécoms ont pratiquement explosé, surtout le téléphone mobile ; et le Maroc dispose actuellement de trois grands opérateurs concurrents, aussi bien pour le fixe que pour le mobile.
Sur le plan social, qui est le plus préoccupant, des initiatives ont été prises pour sortir les 5 millions de marocains qui vivent encore sous le seuil de la pauvreté. L’INDH (Initiative Nationale pour le Développement Humain) leur est consacrée pour les aider à augmenter leurs revenus. Le micro-crédit a bénéficié d’un développement considérable dans notre pays, et va concerner très prochainement 1 millions de personnes. L’AMO (Assurance Maladie Obligatoire) a été lancée, et va être généralisée à tous les salariés et professions libérales. Elle va être accompagnée en 2007 d’une assistance médicale gratuite pour les plus défavorisés (RAMED). Le logement social a fait également l’objet d’un saut quantitatif ; 100.000 logements ont été construits en 2006. Parallèlement la construction de nouvelles villes a été lancée.
L’électrification rurale et la généralisation de l’accès à l’eau potable ont été pratiquement réalisées dans la quasi-totalité des régions du pays. Plusieurs initiatives ont concerné l’emploi, surtout des jeunes (Idmaj, Taahil, Moukawalati), parallèlement à un grand effort de la Formation professionnelle. Ce tableau de la situation actuelle du Maroc est largement positif, mais insuffisant.
Que faut-il faire pour l’améliorer davantage à l’avenir ?
Sur le plan politique, il y a lieu de consolider la démocratisation de notre pays. Cela nécessite la réforme de la gouvernance globale, à la fois de l’exécutif et du législatif, l’assainissement du champ politique, la lutte contre la corruption, l’approfondissement des libertés individuelles et collectives par la concrétisation des recommandations de l’IER. Des efforts doivent être entrepris pour rendre notre Administration plus performante, et notamment le Département de la Justice. L’analphabétisme doit être complètement éradiqué dans les meilleurs délais. La qualité de l’enseignement doit être améliorée à tous les niveaux.
Sur le plan économique, il faut continuer la libéralisation de tous les secteurs économiques, et privatiser les entreprises publiques à caractère commercial et industriel ou de services, qui opèrent dans le secteur concurrentiel. Un effort de régulation de l’économie doit être également entrepris pour éviter la constitution de monopoles, et lutter contre la concurrence déloyale. Une réforme fiscale globale s’impose pour élargir l’assiette de l’impôt, et lutter contre la contrebande et le secteur informel. Une attention toute particulière devra être accordée au secteur énergétique où le Maroc est très dépendant de l’étranger, notamment en mettant en œuvre le plan gazier. Le plan social doit rester prioritaire à l’avenir, avec l’élargissement de l’AMO, et l’accélération de l’INDH, la promotion du logement social, le renforcement de la formation professionnelle, et la création de nouveaux emplois.
En conclusion, le Maroc peut parfaitement éviter les scénarios catastrophe imaginés par certains ouvrages étrangers. Notre pays est suffisamment fort, institutionnellement et socialement par sa société civile, pour barrer la route à toute « révolution de palais ». Quant à « l’arrivée en force des islamistes au pouvoir », ces derniers n’ont aucun programme économique efficient, et cette hypothèse n’est absolument pas certaine. Il y a lieu cependant d’être vigilant, et de mobiliser toutes les forces démocratiques et progressistes, pour éviter toute aventure aux prochaines élections de 2007. De toutes façons, il y a au Maroc une Institution monarchique forte, acquise aux valeurs de démocratie, de modernité, et de progrès, et qui constitue un rempart contre toutes les forces réactionnaires.
Jawad Kerdoudi
menara.Ma