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Quand la rumeur pousse au crime

[img align=right]http://www.aujourdhui.ma/alm_images/Mohamed-957.jpg[/img] Agé de 45 ans, Rahal est un homme très actif, dynamique, gai, ayant le sens de l’humour et serviable. Ce père de quatre enfants n’hésitait jamais à apporter son aide à ses voisins au derb Khaldoune, en ancienne médina, à Kelâat Sraghna. Ayant un four traditionnel, il servait le pain cuit même aux petits commerçants installés dans la périphérie de Kelaât Sraghna. Cependant, Rahal était, selon les rumeurs, un coureur de jupons. Tout le monde parlait de ses relations amoureuses avec les femmes.
S’agit-il d’une réalité ou simplement d’une rumeur ? Rien n’est sûr. Mais tout le monde en parle. Les hommes du douar interdisaient à leurs femmes et à leurs filles d’aller à son four. Ce sont leurs fils qui sont chargés de porter le pain en pâte au four. De bouche à oreille, les mauvaises langues avançaient qu’il ne distinguait ni entre une veuve et une divorcée, ni entre une fille vierge et une mariée. Il cultivait sans vergogne n’importe quelle terre. Ni sa femme ni ses enfants ont cru aux rumeurs. Mais personne ne pouvait lier les mauvaises langues qui parlaient quotidiennement de ses comportements considérés comme vicieux.
L’a-t-on surpris avec une femme ? Personne ne l’a confirmé. Mais tout le monde parlait d’avoir entendu, mais jamais avoir remarqué ou assisté à un fait. Une commande de cinquante pains l’a préoccupé, l’après-midi du 2 juin. Il devait faire vite surtout qu’il devait porter le pain à une famille en deuil demeurant dans un douar de Dchira, plus loin de plus d’une vingtaine de kilomètres du centre de Kelâat Sraghna. À bord de sa R18, il a transporté la cargaison du pain jusqu’au douar pour reprendre le chemin vers son four.
En arrivant à la région d’Arrafyia, il s’est arrêté un moment puis il est descendu de la voiture. C’était 22h 30. Tenaillé par la soif, il s’est arrêté pour acheter une bouteille d’un litre et demi de l’eau minérale. Cependant, il a croisé sur son chemin Mohamed. Ce retraité de cinquante-cinq ans, père de sept enfants, travaillait dans le secteur de l’agriculture après une carrière militaire. Il connaissait Rahal depuis l’enfance parce qu’ils sont issus de la même région. Salamalecs, lui a-t-il dit en le serrant dans ses bras et le couvrant d’embrassades comme s’il ne l’avait rencontré depuis belle lurette.
Étonné, Rahal s’est tenu coi pour quelques secondes avant de lancer un sourire.
Il ne l’a rencontré que deux jours plutôt. Pourquoi un tel accueil chaleureux ? Peu importe pour Rahal qui a engagé une conversation avec Mohamed. Ils ont parlé de tout et de rien : de la vie, de ses ennuis et des mauvais revenus de l’agriculture. Rahal a acheté l’eau minérale et est retourné à sa voiture.
Mohamed l’accompagnait. Il est monté à la voiture pour continuer à converser avec lui. Pourquoi ne pas prendre quelques verres ensemble cette nuit ?, lui a-t-il adressé. Rahal a accepté. Après quelque minutes, ils se sont arrêtés devant la maison d’un «Guerrabe» (marchand illégal de boissons alcoolisées). Après avoir acheté quelques bouteilles, ils ont pris le chemin à destination du douar Ouled Kleb. Les deux hommes se sont enivrés. Rahal demanda à Mohamed de porter un sandwich pour son oncle qui habite à moins de trois cents mètres de leur maison. Mohamed a obtempéré. Lors de son retour, il a remarqué Rahal qui conversait avec l’épouse de son cousin. Hors de lui, Mohamed l’a saisi par les épaules et l’a fait sortir de la voiture pour le jeter par terre. Aussitôt, il a commencé à le frapper à la tête par des bouteilles vides. Puis, il fait sortir un couteau qu’il cachait sous ses vêtements et lui larda sans pitié le visage, la tête et la poitrine. Et ensuite, il a soulevé des caisses en bois qui étaient déposées sur les lieux par un fellah et les a jetées sur lui avant de prendre enfin la poudre d’escampette à bord de la R18. Alertés, les éléments de la Gendarmerie royale se sont dépêchés sur les lieux.
Ils ont appelé les éléments de la Protection civile qui n’ont pas tardé à venir pour transporter le blessé aux urgences de l’hôpital Essalama à Kelâat Sraghna. Vu son état très grave, il a été conduit aussitôt vers l’hôpital Ibn Tofaïl à Marrakech où il a rendu l’âme le vendredi 3 juin. À ce moment, les investigations se sont lancées pour rechercher Mohamed et l’appréhender. Il a été arrêté dimanche 5 juin à 60 km du lieu de son crime. «Les habitants parlaient de sa relation avec ma femme», a-t-il avoué aux enquêteurs. Est-il vrai ou faux? Mohamed ne dispose d’aucune preuve pour justifier ses accusations, sauf les rumeurs.

source:lematin

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