Pour les femmes, douleurs lors de la pénétration, vaginisme, anorgasmie, etc. Pour les hommes, troubles de l’érection, éjaculation précoce. Sur toutes ces questions, fort banales ailleurs (mais fondamentales), les Marocains sont mal informés, ont honte d’en parler à leur médecin, et osent encore moins lui demander conseil. Les solutions existent pourtant.
Elles sont médicales, thérapeutiques, psychologiques. Pour mettre les diagnostics et les remèdes possibles à la portée de tous, nous vous présentons des fiches pratiques, histoire de dédramatiser nos bobos sexuels. Et surtout de les vulgariser.
Dysfonctionnement érectile. Quand ça ne monte plus
Elle n’attend pas l’âge et ne choisit pas ses clients. La panne sexuelle, ou le dysfonctionnement érectile (DE), un homme sur deux (selon une étude sur la prévalence du dysfonctionnement érectile) dit en souffrir au Maroc, à des degrés différents.
Le dysfonctionnement est léger chez 37 % des personnes sondées (655), modéré chez 15% et sévère chez 1% de l’échantillon. Le dysfonctionnement érectile est le fait de ne pas pouvoir développer, puis garder une bonne érection durant toute la durée du rapport sexuel, explique, avec des mots simples, ce sexologue. Dans un pays résolument machiste, cela a de quoi fâcher et entacher la virilité ambiante.
Certains patients, pour mettre des mots sur leur mal, disent souvent : Je suis devenu une femme. Alors bien sûr, il y a des causes organiques au dysfonctionnement érectile (diabète, problèmes cardiaques, etc.). Mais la partie psychique est tout aussi importante. Selon Hachem Tyal, psychiatre, Toute ce qui provoque une inhibition peut entraîner une perte d’érection. Dans ce panier, on peut alors mettre la peur, le stress, la timidité, la culpabilité, etc. Bref, tout ce qui peut générer du mal-être. Selon la même étude sur la prévalence des DE, 62 % des patients abordent facilement le problème avec leur médecin. En grande partie, parce que le remède existe.
Depuis que les campagnes pour le Viagra et autres pilules miracle ont démarré au Maroc, les consultations pour dysfonctionnement érectile ont nettement augmenté. Bien des fois, le traitement chimique n’est prescrit que pour une petite période, question de redonner confiance au patient. Un accompagnement psychologique peut ensuite s’avérer efficace. Dans plus de 90% des cas, nous arrivons à des résultats satisfaisants, explique un sexologue.
Pénétration. Quand ça fait mal
Dyspareunie!!! Kezako ??? Derrière ce mot scientifique barbare, se cache un mal féminin physique tout à fait concret. Ce sont des douleurs ressenties lors de la pénétration et des va-et-vient qui s’ensuivent. La dyspareunie peut subvenir dès le début de la pénétration.
Elle est alors superficielle. Elle peut aussi se manifester quand la pénétration est complète, elle est alors profonde. Quoi qu’il en soit, ces douleurs viennent perturber l’acte sexuel. 8% des 728 femmes interrogées, dans le cadre de l’enquête menée par le centre psychiatrique universitaire Ibn Rochd, déclaraient en souffrir tout le temps ou souvent sur une période de plus de 6 mois.
Les causes de la dyspareunie peuvent être organiques (mycoses vaginales, infections du col de l’utérus, kyste de l’ovaire, déchirures périnéales suite à un accouchement, etc.). Le premier spécialiste à consulter est bien évidemment le gynécologue qui prescrira le traitement adéquat ou l’utilisation de lubrifiants.
Mais l’homme peut aussi en être responsable quand, goujat, il ne passe pas par les préliminaires, pressé qu’il est de jouer au marteau piqueur de chantier avec sa moitié, alors que la lubrification est insuffisante. La montée du désir étant plus lente et plus complexe chez la femme, elle commence à peine à s’échauffer quand lui a déjà enclenché le turbo, grillant la politesse aux préliminaires, comme un chauffard de la route peu soucieux de la vitesse de croisière de sa femme.
Faute d’être masochiste, la pénétration, qui devrait être source de plaisir, devient pour elle une torture. En ce cas, le problème n’est pas organique, mais relève davantage d’une absence d’éducation sexuelle qui touche aussi bien la femme que l’homme marocain. Consulter un psychologue ou un sexologue est alors nécessaire pour dédramatiser l’acte sexuel et briefer le mari sur la douceur et les préliminaires nécessaires lors des ébats sexuels explique Hachem Tyal, psychiatre à Casablanca.
Anorgasmie. Quand ça ne décolle pas
L’anorgasmie est une absence d’orgasme. On distingue deux cas de figure. La femme peut ne ressentir aucun plaisir lors des rapports sexuels, soit en éprouver, mais ne pas atteindre le summum : l’orgasme. Ce que les poètes appellent l’acmé du plaisir reste lettre morte pour 34,3% des femmes sondées (sans mauvais jeu de mot) lors de l’enquête menée par le Centre de Psychiatrie d’Ibn Rochd.
Les causes de l’anorgasmie sont aussi complexes que l’acte sexuel lui-même tel que le conçoivent et le vivent les femmes : L’orgasme chez les femmes est toujours plus lent à venir que chez les hommes. Qui plus est, le désir féminin est très complexe. Il est davantage cérébral que chez l’homme.
Il se déclenche si les conditions psychologiques de bien-être sont réunies, et si la relation avec le partenaire est de qualité explique Hachem Tyal. Souvent, c’est juste une question de bon rythme, de feeling et d’écoute du désir de l’autre rajoute Nadia Zinoun gynécologue à Casablanca. à force de se focaliser sur la seule pénétration, les hommes en oublient (ou ignorent) que la majorité des femmes n’atteignent pas l’orgasme par la seule pénétration, mais par des caresses ou des frottements sur le clitoris.
C’est le plus vieux débat du monde : Eve était-elle vaginale ou clitoridienne ? Mais en aucun cas, frigide, terme péjoratif rejeté par tous les spécialistes du domaine. Cependant, si l’absence d’orgasme est dû à des causes psychologiques, là intervient le psychothérapeute. La sexualité n’est pas qu’un acte physique où n’entrent en jeu que des questions physiologiques.
La dimension culturelle est essentielle. Les femmes marocaines sont élevées dans la honte de leur corps et dans le déni du plaisir insiste Hachem Tyal. Le travail du psychothérapeute consiste à la réconcilier avec ce corps qu’elle nie par les techniques de l’hypnose entre autres : Elle raconte ses fantasmes, les formalise dans un premier temps. Ensuite, elle élargit le champ de ses fantasmes rajoute ce dernier.
Éjaculation précoce. Quand ça part trop vite
Sans doute la cause de consultation la plus fréquente partout dans le monde, et au Maroc. Comme son nom l’indique, il s’agit d’une éjaculation qui intervient très tôt dans le rapport sexuel, dès les premiers frottements, ou même avant, pour les cas les plus extrêmes.
Un bel exemple du mauvais apprentissage sexuel au Maroc, selon Hachem Tyal. Le premier acte sexuel (tout à fait naturel) d’un jeune est de se masturber. Vu toute la culpabilité et les mythes qui entourent cette pratique chez nous, le jeune, caché dans un petit coin, n’a plus qu’une envie : éjaculer pour en finir, explique Tyal. Il pourra ensuite enchaîner les aventures jusqu’au jour où sa partenaire lui posera la question fatidique : et moi ?.
Il découvre alors que le but du sexe n’est pas d’éjaculer (seulement) et qu’il doit tenir compte du plaisir, différent et plus complexe, de la femme. Comment faire ? Peut-on se contrôler lors d’un rapport sexuel ? La réponse est incontestablement, oui.
Oubliez les conseils des copains (penser à sa belle mère ou au boulot), cela peut provoquer une inhibition et avoir un effet négatif sur la qualité de votre érection. Privilégiez plutôt la consultation chez un urologue ou un sexologue. Selon les cas, ils vous prescriront, dans un premier temps, des anti-dépresseurs (tout bête, mais dont les effets secondaires retardent l’éjaculation) ou vous conseilleront d’utiliser des préservatifs qui prolongent le plaisir.
Vous devrez ensuite travailler vous-même sur le contrôle de votre sensibilité, apprendre à ne plus concentrer toutes vos sensations sur votre pénis. à terme, l’idéal serait de décider vous-même, du moment d’éjaculer. Ce qui fera de vous le meilleur des amants, et ce n’est pas impossible.
Chiffres. Les sujets tabous
Quand il s’agit de sodomie, les bouches se ferment très vite. Plus de 9% des femmes ayant répondu à l’enquête menée par le Centre de Psychiatrie d’Ibn Rochd refusent d’en parler. La sodomie, interdite explicitement par l’islam, est le sujet à éviter par excellence, même en face d’un médecin spécialisé. Et dans des conditions d’anonymat total.
Qui plus est, moins de 4% déclarent la pratiquer. Autre point qui bloque, les abus sexuels. à la question des rapports sexuels imposés par contrainte, 33 femmes sur les 728 interrogées ont refusé catégoriquement de répondre. La même proportion est restée bouche cousue quand aux attouchements et caresses sous la contrainte.
Le black out est tel, pour certaines de ces femmes, que près de 7% ont émis une fin de non-recevoir à leur interlocuteur, même à la question de l’agression verbale ou téléphonique. Les bouches s’ouvrent par contre quand il s’agit de condamner la masturbation. Plus de 90% des femmes la déclarent haram. Qui plus est, les quatre cinquièmes y associent une bonne charge de culpabilité et de honte.
Hymen. Quand ça ne saigne pas
L’hymen n’a aucune utilité organique, aucun intérêt médical, aucun intérêt physique, aucun intérêt quelconque. C’est un reliquat embryonnaire (au même titre que l’appendicite) autour duquel se sont attachés des us et coutumes culturels. C’est tout déclarait à Femmes du Maroc, il y a quelques années Saâd Agoumi, gynécologue de son état.
L’hymen est sacralisé… même chez les femmes. 99 % des interrogées déclarent que la virginité est une règle sociale à préserver. Ce référendum de république bananière est confirmé (si besoin en était) par un autre chiffre : 83% d’entre elles déclarent s’être mariées vierges. Tout le monde respecte cette membrane de quelques centimètres sans pourtant la connaître.
Et l’ignorance peut entraîner des crêpages de chignons qui n’ont pas lieu d’être. Ainsi, à côté des hymens dits normaux, qui saignent au moment de la première pénétration, il existe un type de membrane appelé hymen complaisant. Ce type d’hymen est élastique, se distend lors de la pénétration, et par conséquent peut ne pas saigner.
Ce n’est pas un problème médical en soi, mais au Maroc, l’absence de ces précieuses gouttelettes de sang pose un sérieux cas de conscience à la femme, au mari…et à toute la parentèle proche et éloignée. Je reçois dans mon cabinet des couples et leurs familles à qui je dois expliquer ce phénomène.
La femme tout aussi bien que l’homme a besoin d’être rassurée sur cette absence de saignement raconte Nadia Zinoun. à contrario, d’autres hymens sont tellement épais et charnus qu’ils sont quasi impossibles à pénétrer. Le premier rapport sexuel détermine bien souvent toute la sexualité à venir.
Une défloration douloureuse chez la femme peut entraîner des blocages d’ordre psychologique et une appréhension à chaque nouveau rapport sexuel explique Hachem Tyal. On ne saurait trop en ce cas préférer l’intervention chirurgicale qui est bénigne. C’est juste une incision de l’hymen qui permet, ensuite à la femme de vivre une sexualité normale et complète explique Nadia Zinoun.
Vaginisme. Quand ça n’entre pas
La définition du vaginisme ne laisse aucune place à l’ambiguïté : contraction involontaire et spasmodique des muscles de la vulve empêchant toute pénétration du pénis. Ou de quoi que ce soit d’autre. 6% des femmes interrogées dans l’enquête précitée déclarent en souffrir.
Dans certains cas, il existe une cause organique soignable après consultation chez le gynécologue : érosions locales, infection du vagin, herpès ou eczéma vulvaire. Cependant, la cause est dans la grande majorité des cas d’ordre psychologique. Dans le cas du Maroc, les filles élevées dans la honte de leur corps développent une image négative de ce dernier qui se transforme en phobie de la pénétration.
La peur est irraisonnée, donc non fondée. L’inconscient choisit la solution la plus simple : il ferme la porte explique Hachem Tyal. Ces dernières vivent avec un mythe sociétal qu’elles ont intégré au plus profond de leur inconscient : celui de l’hymen à préserver coûte que coûte. Ce mal est tellement prégnant que même l’examen gynécologique en devient impossible. Cependant, certains gynécologues opèrent à une défloration chirurgicale sous anesthésie, avant de dilater le vagin par l’utilisation des bougies de Hégar de calibre progressivement croissant.
C’est n’importe quoi ! On ne fait que forcer la porte, on ne règle pas la phobie de la pénétration pour autant s’indigne Hachem Tyal. Pour ce dernier, le vaginisme nécessite une sexothérapie de couple pour déconditionner la femme de son appréhension, avec d’excellents résultats au bout de quelques mois. La femme y apprend dans un premier temps à poser la main sur son sexe sans appréhension, elle enfonce un doigt lors de la seconde étape, puis deux.
Dans un troisième temps, elle apprend à contrôler les muscles de son vagin. Faire l’amour étant un acte pratiqué à deux (au minimum), très vite le mari participe activement à la thérapie en posant sa main à son tour sur le sexe de sa femme. Enfonce un doigt, puis deux. Et finit enfin par une pénétration, la plus douce possible.
Masturbation. Quand ça démange
Qu’est-ce qui ne s’est pas dit sur cette pratique sexuelle ? Selon la rumeur populaire, elle provoquerait la stérilité, la sciatique, la surdité et même des tumeurs du cerveau. Malgré toutes ces idées reçues, le poids social, l’interdit religieux et la culpabilité après coup, la pratique a la peau dure. C’est que finalement, elle est naturelle… et chez les deux sexes. C’est en fait un apprentissage du sexe, une forme de découverte du corps et des premières sensations de plaisir. Au Maroc, un garçon qui se masturbe choque moins qu’une fille. On a peur de cette supposée folle du sexe qui est capable du pire, explique un psychologue qui poursuit, les filles sont généralement les plus réprimées.
Elles ne découvrent que très tard leur corps, d’où les problèmes de vaginisme et de peur de l’acte sexuel.
Plus tard, la masturbation peut devenir un moyen d’apaisement et de respect de l’abstinence sexuelle (15% sur 728 personnes le pensent selon l’étude menée par une équipe de recherches au CHU d’Ibn Rochd). C’est un moyen de déverser son énergie libidinale.
Elle ne peut qu’être bénéfique à la vie sexuelle, quand c’est une masturbation de substitution, tranche Hachem Tyal. La pratique n’est inquiétante que lorsqu’elle devient compulsive. C’est-à-dire systématique. Clairement dit, on préfère la masturbation à la relation sexuelle. Ça devient alors une pathologie à prendre au sérieux. Un soin psychiatrique s’impose.
Consultation. Parler de sexe ? Silence radio…
Une enquête marocaine menée en 1998 auprès de 558 hommes âgés de plus de 40 ans montre que 84% des hommes n’ont jamais abordé la sexualité avec leur médecin. Le médecin lui-même ne les a jamais interrogés sur leur sexualité dans plus des quatre cinquièmes des cas.
Si dans le cas du patient, le silence relève de la pudeur à aborder ces questions, du côté du médecin, il prouve une absence de formation aux questions de la sexualité. La honte à aborder les problèmes liés à la sexualité frappe également les femmes, même dans l’intimité du cabinet d’un gynécologue femme : Elles viennent consulter pour un problème organique et n’abordent qu’en second lieu des questions comme la dyspareunie explique une praticienne de la place.
Par contre, dans le cas extrême du vaginisme, les couples n’hésitent plus : Ils viennent à deux en général deux mois après le mariage rajoute-t-elle. Mais la hchouma est telle, chez certains, qu’une fois, j’ai reçu un couple venu consulter pour un cas de vaginisme 4 ans après leur mariage. Leur sexualité se limitait à des attouchements superficiels conclut-elle.
Qui plus est, les mots pour le dire sont sujets à ambiguïté, les gens de la campagne venus me consulter ne parlent pas de sexe, ils préfèrent dire nefsi barda pour décrire leurs dysfonctionnements érectiles rapporte un psychiatre. Dans le cas de l’andropause, c’est la femme qui prend l’initiative de traîner son mari chez le médecin à en croire un urologue casablancais.
Quand bien même les couples désireraient consulter, ils buteraient sur l’absence de spécialistes au Maroc. Les sexologues se comptent sur les doigts d’une main. Mais l’espoir existe. La faculté de médecine d’Ibn Rochd a lancé cette année la première formation marocaine en sexologie. 15 médecins généralistes y suivent à l’heure actuelle un cursus de 2 ans.
Usure du couple. Quand on n’a plus envie
Vous avez fait un bout de chemin ensemble, vous vous connaissez par cœur maintenant et vous ne faites plus les fous comme avant. La fréquence de vos rapports sexuels a sensiblement baissé, et après l’avoir fait matin, midi et soir, vos exploits ne sont plus que vos meilleurs souvenirs. C’est peut-être le moment de réagir, d’en parler. La situation n’est pas dramatique.
Il arrive un moment où la chair fraternise et le désir s’en ressent. C’est presque normal. Il faut alors raviver la flamme, travailler sur votre couple. Prenez l’initiative pour préparer, plus souvent, les conditions idoines pour des moments intimes. Soyez créatif et surprenant.
Préservez une bonne qualité relationnelle dans le couple et sachez qu’une vie sexuelle se construit et se conçoit dans la durée. Dites-vous que vous n’avez pas encore fini de découvrir votre partenaire, ni les sensations qui accompagnent vos ébats. Que 20 ou 30 ans plus tard, et toujours avec le même partenaire, vous n’avez pas fini d’apprendre.
Grossesse. Quand le ventre bloque le sexe
Les chiffres de l’étude sur la sexualité pendant la grossesse menée par le Centre de psychiatrie d’Ibn Rochd sont effarants : Près de 90% des femmes diminuent la fréquence de leur rapports sexuels par peur de complications obstétricales.
Quand cette diminution est due au mari, 60% des hommes la justifient aussi par la peur de faire mal au futur bébé. Cependant, les médecins sont unanimes, faire l’amour pendant toute la durée de la grossesse ne fait courir aucun risque au bébé. Sauf en cas de saignements durant la grossesse ou risque d’avortement ou d’accouchement prématuré si le col de l’utérus s’est ouvert, nuance cependant Nadia Zinoun.
Et même dans ces cas, rien n’interdit d’autres formes de caresses autres que la pénétration. Pour des raisons pratiques et évidentes, il suffit au couple d’adapter les positions à cette nouvelle donne. Le ventre rond entrave la position classique du missionnaire, mais à contrario, permet au couple de développer ou découvrir de nouvelles formes de galipettes.
La femme peut se mettre à 4 pattes afin de ne pas souffrir de douleurs lombaires. La femme peut s’asseoir sur l’homme. Le couple peut aussi faire l’amour dans la position dite des petites cuillères. L’homme s’allonge, le dos de la femme se niche contre lui, ainsi l’utérus alourdi par le bébé ne pèse pas sur l’estomac et l’homme est libre de ses caresses.
Rien de grave docteur, pour résumer, sauf si le désert sexuel s’installe 9 mois durant : Une femme peut refuser les rapports sexuels pendant sa grossesse, car elle n’arrive pas à gérer ses deux statuts. Celui de femme et de future mère. C’est valable aussi pour l’homme qui peut être gêné par le fait de faire l’amour à une mère explique Hachem Tyal. Et la figure de la mère est une chose avec laquelle les hommes ne plaisantent pas au Maroc. Là encore, une bonne discussion avec un psychothérapeute s’impose.
D’autant plus qu’une sexualité heureuse pendant la grossesse facilite les retrouvailles après l’accouchement.
Ménopause / andropause. Quand on vieillit…
Il m’est arrivé de recevoir un vieux monsieur de 92 ans qui venait de la campagne. Il était dans tous ses états parce que disait-il, il ne pouvait plus faire l’amour que deux fois par semaine à sa femme. Ce témoignage d’andrologue prête, certes, à sourire. Mais d’autres hommes et femmes, nettement moins âgés que notre campagnard, souffrent d’une baisse du désir sexuel à partir de l’âge de 50 ans, en moyenne.
Un homme a des érections de moindre qualité, et a de moins en moins envie de faire l’amour. Pareil pour la femme chez qui la baisse du désir s’accompagne d’une sécheresse vaginale, qui peut entraîner une dyspareunie. Pas vraiment de quoi s’alarmer, c’est la vie ! Il faut alors s’adapter, savoir que comme toute chose, l’activité sexuelle peut perdre de sa vigueur, au fil des ans. Quand les deux partenaires le savent, ils culpabilisent moins, explique un gynécologue.
Dernier mot. Faute d’éducation…
Par Driss Bennani
Situation vécue au collège, en cours de sciences naturelles. De tout le manuel insipide de l’époque, les enfants que nous étions attendaient impatiemment d’arriver au cours d’anatomie, à ces quelques pages où s’offraient pour la première fois à nos yeux (pas de multivision à cette époque) des corps dénudés, maladroitement dessinés à la main, et, avec le recul aujourd’hui, laids.
Mais nous étions loin d’envisager le coup de théâtre de monsieur le professeur : souverainement, il décide de nous séparer en deux groupes unisexes. Chacun n’étudie que son appareil génital, pour éviter la gêne paraît-il. Résultat : La récréation devenait plus amusante, puisqu’une fois la classe (avec ses deux composantes masculine et féminine) réunie, les explications, gauches et hasardeuses, commençaient.
Les filles juraient qu’un homme qui pénètre une femme ne doit pas bouger en elle pour qu’elle puisse avoir un bébé. Les garçons, déjà un brin machos, parlaient de domination, de contrôle, et de suprématie masculine par le corps.
Aucune notion de plaisir, de fonctions de cette partie du corps, rien. Et dès qu’ils s’en sont sentis physiquement capables, les plus précoces parmi les garçons sont allés voir de plus près à quoi ressemble le corps d’une femme. Le seul disponible était à vendre. Ils l’ont donc fait, dans des petites pièces obscures à El Hajeb, Tiflet ou chez eux, avec des petites bonnes.
Qu’ont-ils appris du sexe ? Que c’était sauvage, qu’ils n’y connaissaient rien et qu’il fallait payer. Les premiers souvenirs ? Le soir où telle p… a ridiculisé flane devant ses copains ou quand telle autre l’a arnaqué…
évidemment, les familles n’en ont jamais rien su, et c’est tant mieux. Elles se disaient que ces choses venaient avec le temps et oubliaient que la nature n’attend pas.
Par Hassan Hamdani et Driss Bennani
Pour TelQuel