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Rabat dénonce les ingérences iraniennes dans les affaires intérieures du Royaume

Le divorce entre Rabat et Téhéran est consommé. Vendredi 6 mars, un communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération a rendu public un communiqué dans lequel il annonce la décision du Maroc de rompre ses relations diplomatiques avec l’Iran. Cette décision intervient dix jours après le rappel par le Maroc, pour consultations, de son chargé d’affaires par intérim à Téhéran, rappelle le communiqué. La même source précise que le Maroc avait «demandé des explications aux autorités iraniennes qui ont cru devoir singulariser le Maroc, dans le cadre d’une démarche inamicale, et publier un communiqué comprenant des expressions inacceptables, à la suite de la solidarité exprimée par le Maroc, à l’instar de très nombreux pays, à l’intégrité territoriale et la souveraineté du Royaume du Bahreïn». Le Maroc a adressé à la mi-février un message au Souverain de Bahreïn pour lui faire savoir qu’il le soutenait et a qualifié d’ «absurdes» les propos du responsable du bureau du Guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, qui a qualifié le Bahreïn de «14ème province iranienne».
Le soutien marocain au Royaume frère du Bahreïn a été accueilli avec des propos outranciers de la part de Téhéran, d’où les «explications» exigées par Rabat. Or, une semaine après, et contrairement aux pratiques diplomatiques d’usage, les autorités iraniennes n’ont pas adressé ces explications, fait remarquer le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération. La réponse n’a pas tardé à se manifester. Et elle a été tout aussi rapide que ferme. «Le Royaume a décidé la rupture, à partir de ce vendredi (6 mars 2009), des relations diplomatiques avec la République islamique d’Iran».
Mais voilà, au-delà de l’attitude inopportune de Téhéran, il y a cette ingérence iranienne dans les affaires intérieures du Maroc. Les diplomates iraniens accrédités au Maroc se livrent ostensiblement à une campagne pour la diffusion du courant chiite à l’intérieur du Royaume. «L’attitude inadmissible, dirigée contre le seul Maroc (dans l’affaire du Bahreïn), est doublée au demeurant, d’un activisme avéré des autorités de ce pays, et notamment sa représentation diplomatique à Rabat, visant à altérer les fondamentaux religieux du Royaume, à s’attaquer aux fondements de l’identité ancestrale du peuple marocain et à tenter de menacer l’unicité du culte musulman et le rite Malékite sunnite au Maroc, dont est le Garant SM le Roi Mohammed VI, Amir Al Mouminine», explique le communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération.
Réagissant à la décision de Rabat, l’Iran s’est dit samedi «surpris» par la rupture des relations diplomatiques. «La décision marocaine va à l’encontre de l’unité du monde islamique», a commenté Téhéran.
Mais voilà, n’est-ce pas là où le bât blesse. C’est, justement, cette légendaire «unité du monde islamique» que l’activisme iranien met en danger. Le chiisme, dont l’Iran est le porte-étendard, s’est illustré à travers l’histoire pour être porteur de schismes et de divisions. Le danger que représente actuellement ce courant, au-delà du culte du martyre qu’il sème, est qu’il est mis à profit par Téhéran pour favoriser ses visées expansionnistes. La diffusion du chiisme au Maroc, particulièrement dans la région du nord du Royaume, s’est accentué ces derniers temps. Fin février, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération a convoqué l’ambassadeur d’Iran à Rabat, Vahid Ahmadi, pour lui faire part de cette inquiétude. A cette occasion, Taïeb Fassi Fihri a dénoncé «l’activisme avéré des autorités de l’Iran, et notamment de sa représentation diplomatique à Rabat, visant à altérer les fondamentaux religieux du Royaume (…) et à tenter de menacer l’unité du culte musulman et le rite Malékite sunnite au Maroc». «Ce type d’actions structurées et soutenues constitue une ingérence intolérable dans les affaires intérieures du Royaume», précise le ministère des Affaires étrangères.

M’Hamed Hamrouch
Aujourdhui.ma

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