Au Maroc, la consommation de tabac continue d’augmenter. Plus de 15 milliards de cigarettes seraient fumées chaque année. Un homme sur trois fume soit 31,5% alors que les femmes sont beaucoup moins nombreuses à fumer. Elles ne représentent que 3,3% des fumeurs selon une enquête nationale sur le tabagisme. Pour faire le point sur le tabagisme au Maroc, une conférence de presse a été organisée jeudi 18 septembre à Casablanca. Présentant les résultats de cette enquête qui a été réalisée en 2006 sur un échantillon de 9.197 personnes âgées entre 15 et 75 ans, le professeur Chakib Nejjari, tabacologue et directeur de l’Hôpital 20 Août de Casablanca a souligné que le nombre de personnes commençant à fumer s’est multiplié. L’âge moyen des fumeurs est de 17,6 ans et plus de 60% des fumeurs appartiennent à la tranche d’âge 20-39 ans. Les hommes analphabètes fument davantage que ceux qui ont été à l’école. Ils sont 39% à fumer parmi les analphabètes contre 29,8% pour ceux qui ont un niveau supérieur. De même, 41,7% ont déclaré être victimes du tabagisme passif et plus de 90% pensent que le tabac nuit dangereusement à la santé.
Quant aux dépenses moyennes engendrées par le tabac, celles-ci s’élèvent à près de 22 DH par jour et ce quelle que soit la catégorie sociale. Cette rencontre aussi été l’occasion de mettre en exergue les méfaits causés par le tabac. «Le tabac est à l’origine de plus de 25 maladies dont les maladies cardio-vasculaires (30%), pulmonaires( 20%), cancers (40%)», a indiqué Pr Nejjari avant d’ajouter que «Le cancer du poumon est responsable à lui seul de près d’un tiers des décès des fumeurs. Chez les hommes, plus de 90% des décès par cancer du poumon sont attribuables au tabac, moins de 50% chez les femmes ». D’autres cancers sont également causés par le tabac : gorge, bouche, lèvres, pancréas, reins, vessie. Certains risques sont spécifiques chez les femmes. La cigarette double le risque d’ostéoporose et augmente le risque de cancer de l’utérus. Pendant la grossesse, le tabagisme augmente la probabilité de mort subite du nourrisson. Le risque est triplé lorsque la mère a fumé pendant la grossesse, et ce lorsque les doses de tabac sont importantes. Le risque de mort subite augmente également si le père fume. A noter qu’un fumeur aura par exemple 8 fois plus de «chance» de devenir bronchiteux chronique, ou 20 fois plus de «chance» de développer un cancer du poumon qu’un non fumeur de même sexe et de même âge. Et ce n’est pas tout. Un fumeur perd environ 20 ans d’espérance de vie. Tous ces risques peuvent être évités si la personne décide d’arrêter de fumer. En effet, dès l’arrêt, l’organisme se nettoie progressivement et les risques de maladies graves redeviennent en quelques années ceux d’une personne n’ayant jamais fumé. Au bout du premier jour d’arrêt, le monoxyde de carbone issu de la fumée est presque éliminé. La pression sanguine et le rythme cardiaque redeviennent normaux. Après une période de 10 à 15 ans, l’espérance de vie redevient identique à celle des personnes n’ayant jamais fumé. Pour ce qui est des traitements médicamenteux, il y a lieu de relever les substituts nicotiques (timbres,gommes à sucer ou à mâcher, pastilles sub- linguales, inhaleurs), le bupropion et la varenicline (Champix). Ce dernier reste à ce jour le traitement prouvé comme étant le plus efficace pour l’aide au sevrage tabagique. Chaque année, 5 millions de personnes meurent à cause du tabac dont 1 200 000 par cancer du poumon. On estime qu’en 2030, une victime du tabac sera dénombrée toutes les 3 secondes.
Leila Zerrour
Aujourdhui.ma