«Dans l’attente des conclusions définitives des investigations, ces données montrent qu’il s’agit d’une fête personnelle marquée par des rituels de charlatanisme que les personnes concernées avaient coutume à exercer localement», a-t-il souligné. Un constat effectué par qui de droit, à savoir les autorités judiciaires compétentes qui agissent, bien évidemment, «loin de toute exploitation médiatique et politique» comme l’a précisé le ministre de l’Intérieur. Cette allusion à la manière avec laquelle toute l’affaire a été exploitée par certains médias notamment islamistes et le Parti de la justice et du développement (PJD) a rétabli l’affaire dans sa véritable dimension : une rumeur gonflée à des fins politiciennes par les mouvements islamistes.
Une opération de propagande qui a tourné au soulèvement populaire contre les autorités puisqu’une marche organisée – et non spontanée comme le prétendent ses initiateurs – a failli se terminer par le lynchage de celui que des médias proches de la sphère islamiste ont présenté, sans en avoir la certitude, comme étant l’organisateur du prétendu «mariage homosexuel ».
Une manifestation qui relève juridiquement de la rébellion, mais qui a été érigée comme un acte héroïque par le PJD, un parti politique qui est censé agir dans le cadre de la loi. «Hommage à Ksar El Kébir» titrait l’éditorialiste du quotidien Al Adala Wa Tanmiya dans son édition d’hier qui saluait «l’Intifada» de la population de la ville contre ce qu’il a qualifié de «protection de la débauche». L’éditorialiste a ainsi comparé les actes de vandalisme commis par les manifestants au soulèvement contre le colonisateur. Mais, maintenant que la justice a pris l’affaire en main, les investigations ne devraient pas se limiter à l’affaire en soi. Une enquête devrait être engagée pour déterminer les responsables de cette manipulation de l’opinion publique qui a failli coûter la vie à une personne et qui a été à l’origine d’un soulèvement contre l’autorité publique. Terroriser les gens en invoquant un droit à la lutte contre la débauche est un acte grave. Hier, alors que le ministre de l’Intérieur apportait des précisions sur cette affaire, on apprenait que des avocats ont refusé d’assurer la défense des accusés. Une dérive lamentable. Car, que des accusés se retrouvent privés de leur droit à la défense car des avocats ont peur d’être taxés de «défenseurs de l’homosexualité» est une chose qui devrait interpeller toute la société marocaine.
Omar DAHBI
Aujourdhui.ma