Seulement voilà, arrivé à sa 23ème année, il devait quitter ce centre d’éducation pour rester chez lui en compagnie de sa mère et de son père.
Sa mère ne lui permettait jamais de s’éloigner de la maison, située au quartier Al Âkkari, à Rabat. Mais, en raison de son état de santé, Saâdia a été hospitalisée. Mohamed s’est retrouvé tout seul, ni son père, ni ses frères et sœurs n’étaient là pour lui. Il a disparu sans laissé de trace. Ayant appris la nouvelle, Saâdia ne savait plus quoi faire et au lieu d’aviser la police, elle s’est contentée de pleurer.
Le lendemain, des hommes ont frappé à sa porte. Surprise : Mohamed les accompagnait.
«C’est la police !», annonce l’un d’eux. Saâdia n’a pas cru ses oreilles. Est-ce que Mohamed a commis un délit ou un crime ? «Non, madame ! Au contraire, il est victime…», expliquent les policiers.
Au commissariat, la mère a appris toute l’histoire. Quand Mohamed a quitté la maison, il a erré dans les rues et les boulevards de Rabat avant de se retrouver sur le pont Moulay El Hassan. Il a continué son chemin, jusqu’à Bab Sebta, à Salé.
Epuisé, il s’est assis dans un coin. Tout d’un coup, deux jeunes hommes se sont assis à côté de lui. Une conversation leur a permis de comprendre que Mohamed était handicapé mental. «On va te conduire chez toi», l’a rassuré l’un d’eux. Mohamed les a accompagnés. Arrivé à la maison appartenant au père de l’un de ces jeunes hommes, ces derniers l’ont invité à entrer.
Le père les a accueillis chaleureusement et leur a servi du vin rouge. Ivres et sans pitié, ils ont commencé à abuser de lui et à le brutaliser.
Le lendemain matin, ils l’ont jeté à la rue. Une femme qui venait de sortir de chez elle l’a remarqué alors qu’il souffrait. Elle s’est approchée de lui et a découvert qu’il était handicapé mental. Elle a alerté la police qui lui a porté secours et arrêté le trio violeur avant de le traduire devant la Cour d’appel de Salé.
L’association «Touche pas à mon enfant» n’a pas tardé à réagir. Elle était là pour soutenir Mohamed, car des violences pareilles ne doivent plus se produire.
Abderrafii ALOUMLIKI
Aujourdhui.ma