À son onzième printemps, il choisit de devenir un sans domicile fixe (SDF), préférant la belle étoile au toit du foyer paternel. Bien que l’adage marocain dise qu’ «aucune chatte ne déserte le festin», les parents de Rédouane pensent que leur fils a fugué sans raison, sauf celle d’assouvir son désir de vagabondage ! Ils l’ont cherché partout en vain. Quand ils l’ont retrouvé, il a refusé de les suivre. Il a trouvé refuge au souk de Hay Mohammadi où il passe la nuit et se débrouille pour gagner sa vie. La nuit, il dort dans un petit coin, toujours dans le souk. Avec le peu d’argent qu’il gagnait, Rédouane a commencé à se droguer et à s’enivrer. De fil en aiguille, il est devenu l’esclave de la dépendance au point que l’argent dont il disposait ne suffisait plus. Il devait trouver d’autres moyens pour réunir plus d’argent. Mais comment ? Pour Rédouane, le moyen le plus facile est le vol. Commettre ce délit lui a coûté à deux reprises de la prison ferme: il a purgé une peine de six mois et une autre de dix-huit mois. Durant sa deuxième incarcération, il a fait la connaissance de Samir. Âgé de 28 ans, ce dernier est issu également d’une famille pauvre et s’est livré au vagabondage tout au long d’une dizaine d’années, avant d’entretenir une relation de concubinage avec un femme, son aînée de dix ans. Spécialisé dans le vol des vélomoteurs, il a purgé à trois reprises des peines d’emprisonnement. La dernière est celle durant laquelle il a fait la connaissance de Rédouane. En fait, il a été libéré quelques semaines avant son nouvel ami.
En dehors de la prison, Rédouane et Samir ont décidé de reprendre ensemble leur vie de délinquants. Samir a appris à Rédouane le «b.a. – ba» du vol des vélomoteurs pour qu’ils deviennent partenaires. Trois mois plus tard et après avoir mis la main sur une vingtaine de vélomoteurs, ils sont tombés entre les mains de la police. Comment ? Un jour en apercevant un homme qui venait de déposer sa moto près d’une banque et qu’il n’y avait pas de gardien, ils se sont tout de suite dirigés vers le véhicule sans prêter attention aux deux policiers en civil qui se tenaient devant leurs deux motos à quelques mètres plus loin.
Le duo s’est approché du vélomoteur tout en faisant semblant qu’ils étaient en train de discuter. Peu de temps plus tard, Samir s’est accroupi alors que Rédouane est resté debout pour surveiller l’entourage. A l’aide d’une lame, Samir est arrivé à briser le cadenas, à pousser le 103 avant de démarrer. C’est à ce moment là où l’un des policiers a sauté rapidement sur sa moto et s’est lancé derrière les voleurs. Le policier a réussi à leur barrer la route contraignant le duo à se livrer après avoir essayé de fuir en abandonnant le vélomoteur. Pas de chance, de l’autre côté, les attendait le coéquipier de cet agent de la police. Quand le propriétaire du vélomoteur est sorti de la banque, il a été surpris par les deux policiers et les deux voleurs menottés qui l’attendaient devant la porte.
Au tribunal, Samir et Rédoauane, interpellés en flagrant délit, n’avaient d’autre choix que de passer aux aveux en affirmant avoir mis la main également sur d’autres vélomoteurs qui les revendaient à un receleur.
Après les délibérations, ils ont été condamnés à deux ans de prison ferme assortie d’une amende de 500 dirhams chacun.
Abderrafii ALOUMLIKI
Aujourdhui.ma