Selon des sources officielles, la mouvance d’Al-Qaïda a concentré ces plans en direction du Maghreb dans son ensemble et du Maroc en particulier. Et même si les nébuleuses terroristes existantes au Maroc ne relèvent pas directement de l’international terroriste, des liens idéologiques existent. Pourquoi le Maroc? Durant l’année 2006, le pays avait livré une guerre sans merci aux recruteurs de ceux communément appelés les «moujahidine» qui devaient être acheminés vers l’Irak. La série de démantèlement de cellules opérant sur ce rayon n’a pas été pour plaire aux concernés. Et c’est alors que dans des camps d’entraînement basés au nord du Mali, les candidats pour s’en prendre au Maroc sont nombreux.
Le risque zéro n’existant donc pas, plusieurs mesures draconiennes ont été donc prises pour garantir la sécurité des citoyens. Il s’agit, entre autres, du renforcement du contrôle au niveau des différents points des frontières, la gestion des environnements des cibles potentielles ainsi que les opérations de ratissage. Ayant acquis une certaine expérience en matière de lutte antiterroriste des semaines avant le 11 mars, les différents services de sécurité étaient dans un branle bas de combat et la mobilisation était à son summum.
Le 11 mars 2007 à 22h30, ceux qui prenaient les multiples avertissements de la sécurité nationale pour de la surenchère ont fini par se rendre à l’évidence suite à l’explosion de Abdelfattah Raïdi dans un cybercafé au quartier Sidi Moumen. Bilan, un mort et quatre blessés dont Mohamed Fayz, le propriétaire du cybercafé, deux clients et un deuxième kamikaze, Youssef Khoudri. Raïdi s’activait pour le recrutement et l’embrigadement de potentielles «bombes humaines».
Selon les premières informations, les terroristes devaient recevoir leurs cibles par Internet, mais cela ne s’est pas produit parce que la police avait déjà arrêté leur commanditaire.
En effet, deux jours auparavant, Saâd Houssaini (44 ans), que la police traquait depuis 2002, a été arrêté. Il est soupçonné de liens avec Al-Qaïda et d’implication dans les attentats de Casablanca de 2003 et de Madrid en mars 2004. Il est également présenté comme le chef de la commission militaire du GICM (Groupe islamique combattant marocain). Commence alors une large campagne de ratissage de la part des forces de l’ordre.
Quarante-huit heures après l’explosion de Sidi Moumen, une descente de police, effectuée dans la nuit du 13 au 14 mars, dans une chambre de terrasse où logeaient, depuis deux semaines, les deux individus à l’origine de l’explosion de Casablanca, au quartier Moulay Rachid, a permis de découvrir une grande quantité de produits ayant servi à la fabrication d’explosifs.
Plusieurs autres charges explosives prêtes à l’utilisation ont également été dans cette chambre.Vendredi 22 mars à 22h, Abdelaziz Rakich (27 ans), un des locataires de la chambre aux explosifs, tombe dans les filets des agents de la police, dans un immeuble au quartier Anassi. Rakich, activement recherché depuis une quinzaine de jours, terrorisait les habitants du quartier et avait agressé deux personnes avec son couteau, tout en scandant «Allaho akbar» à plusieurs reprises. Le mardi 10 avril était une journée très longue et sanglante que les habitants de Hay Al Farah ne sont pas prêts d’oublier. En effet, ils se sont réveillés sur le bruit des coups de feux et d’une première explosion.
Une scène qui n’était en faite qu’un préambule pour une longue traque sans merci et à la Hollywood, à trois autres kamikazes, dont Mohamed Mentala, alias Warda et Ayoub Raïdi, frère d’Abdelfattah. La chasse aux kamikazes a mobilisé un grand dispositif sécuritaire et un matériel lourd.
Bilan de la journée: trois kamikazes explosés et un quatrième criblé de balles par les éléments de la police, un inspecteur de la Sûreté nationale (Mohamed Zindiba) qui a succombé à ses blessures et 21 blessés, dont six graves.
Les arrestations se poursuivaient jusqu’au 11 avril. 31 terroristes ont été appréhendés depuis les événements du 11 mars. Un bilan qui a été revu à la hausse suite aux dernières explosions survenues dans la matinée du samedi 14 avril, au boulevard Moulay Youssef.
Mohamed Akisra
LE MATIN