Plusieurs facteurs ont contribué à la mise à nu de cette réalité, notamment les modestes performances enregistrées par les équipes et les clubs nationaux. Au niveau des sélections, après l’inoubliable finale des Lions d’Atlas lors de la Coupe d’Afrique des nations en Tunisie (CAN-2004), puis la qualification des Lionceaux pour le dernier carré du Mondial-2005 juniors aux Pays-Bas, le football national est revenu malencontreusement pour décevoir ses fans.
Ainsi, après la destitution de Baddou Zaki de la tête de l’équipe nationale et la remise des destinées du groupe à M’Hamed Fakhir, quelques jours seulement avant le coup d’envoi de la CAN-2006 en Egypte, il était fort attendu que le onze national, d’autant décimé par les blessures de plusieurs de ses éléments clé, ne peut que faire tôt ses valises.
Effectivement, avec 2 points à leur actif après 2 matches nuls et une défaite, les Lions de l’Atlas sont sortis bredouilles de cette manifestation sans avoir marqué un seul but. Entre temps, les désillusions se sont déjà aggravées après l’échec de la sélection nationale à atteindre les phases finales de la coupe du monde-2006 en Allemagne, en terminant deuxième de son groupe des éliminatoires, derrière la Tunisie, auteur d’un nul précieux à Rabat (1-1) et d’un autre tranchant au Stade Rades à Tunis (2-2).
La même déconfiture a hanté la sélection juniors qui, après avoir brillé et subjugué en Hollande, avait quitté subitement et sans prétexte le premier tour des éliminatoires de la coupe d’Afrique (Congo-2007).
Les cadets vont ensuite leur emboîter le pas, échouant de leur côté à franchir le 2ème tour des qualifications pour la Coupe d’Afrique (Togo-2007), en s’inclinant face à l’équipe du Nigeria par 5-0 à l’aller (1-0 au retour).
De son côté, l’équipe féminine est sortie prématurément des éliminatoires de la CAN-2007 prévue au Nigeria, en s’inclinant devant son homologue malienne par 2-0 à Rabat et 4-1 à Bamako. Cette élimination était inéluctable en raison d’une politique déréglementée et en l’absence d’un championnat national féminin.
Au niveau des clubs, les débâcles se sont succédées à un rythme accéléré aussi bien dans les compétitions africaines qu’arabes, comme en témoigne cette incapacité du Raja de Casablanca et des FAR à conserver leurs titres de champions d’Arabe et d’Afrique (CAF).
Les fans du football marocain ont vécu également une série de déboires après la piètre prestation du CODM Meknès, du Wydad Casablanca, de l’Olympic Safi et de l’Olympique Khouribga qui ont déserté trop tôt les compétitions arabes.
Après ces multiples déboires, il y a eu l’avènement du programme de mise à niveau du football national, considéré par les observateurs comme étant l’issue salvatrice de la pratique footbalistique au Maroc. Ce programme a été scellé par la conclusion du contrat-programme en juin 2005 entre le gouvernement, les collectivités locales et la FRMF dans l’espoir d’assurer le passage du football national au professionnalisme à partir de la saison en cours, comme prévu initialement.
Mais la mise en application de ce programme a été parsemée d’embûches, à savoir, en premier lieu, le refus par les clubs de la relégation de 4 équipes de l’élite au GNFE-2, le non-respect du cahier des charges, le refus de l’audit et du système contractuel entre les joueurs et les clubs, système susceptible de clarifier la situation des transferts des joueurs et de mettre un terme à l’anarchie qui règne dans ce domaine.
L’état de délabrement de la plupart des stades, sinon la totalité, contribue en grande partie au déclin du produit footbalistique national et constitue un lourd handicap pour le rendement technique des clubs. Cette situation anachronique a privé le public sportif de spectacle, jadis omniprésent, ce qui a poussé le public à bouder les stades, et parfois à faire usage d’actes de violence comme expression de mécontentement.
De grands clubs marocains, tels que le Wydad et le Raja de Casablanca pâtissent de cette situation chaque week-end, avant de trouver un stade pour accueillir leur rencontre même loin de leurs bases, après la fermeture de leur stade en raison de l’état défectueux des pelouses ou des travaux de restauration.
Pour compléter ce tableau peu reluisant de la situation du football national, des équipes ne disposent plus de stades. Le cas révélateur de l’Association Sportive de Salé (ASS) qui se déplace entre les villes de Rabat, Kenitra et Sidi Kacem chaque week-end pour disputer ses matches à domicile.
La désertion des stades a eu un impact négatif direct sur les budgets des clubs qui peinent à garantir les dépenses des rencontres et les frais de déplacement, sans parler des retards de paiement des primes et même les salaires des joueurs.
Devant ce tableau noirci du football national, vient s’ajouter la violence dans les stades, un phénomène étranger à la société marocaine qui nécessite toutes les mesures appropriées. Ces actes de vandalisme, s’ils demeurent très limités, ont causé quand même des pertes humaines parmi les supporters et d’importants dégâts matériels (destruction des biens de citoyens), notamment dans les villes où les stades jouxtent les habitations.
Afin d’endiguer ce phénomène, une fédération d’efforts s’impose entre tous les intervenants et partenaires pour remédier aux causes et entrevoir des actions en profondeur susceptibles d’ancrer la culture de fair-play, ce qui est de nature à contribuer à la reconquête de l’aura du football national
Abdelhafid Mansouri
Menara.ma