Pendant quatre ans, Hassan réussira à ne pas se faire remarquer, ni des gendarmes ni des policiers. Malgré tous les efforts déployés par ces derniers, épaulés par une armada d’indicateurs.
«La Mercedes 190 est de couleur grise…». L’indic est sûr de lui. La chasse à l’homme vient de commencer.
Le chef du Centre judiciaire a du mal à cacher sa satisfaction à l’annonce de cette information. Il alerte aussitôt ses collègues des Centres judiciaires d’Azemmour et d’Ouled Frej qui mobilisent leurs meilleurs éléments : intercepter un criminel dangereux en cavale n’est pas une mince affaire. Encore moins dans le cas de Hassan, qui sera sans doute prêt à tout pour ne pas se laisser renvoyer en prison. Et qui a tout de suite profité de sa liberté pour constituer une bande de malfaiteurs tout aussi dangereux que lui. Leur spécialité : les agressions contre les personnes, le vol de bétail et de voitures. Avec à l’occasion le kidnapping et le viol de jeunes filles. Et pour finir de noircir le tableau, l’assassinat d’un jeune homme dans la région de Had Soualem. Des témoins ont attesté que Hassan avait planté une épée en plein cœur de l’infortuné avant de s’enfuir à bord d’un camion portant des plaques minéralogiques falsifiées.
«C’est lui le chauffeur de la Mercedes 190… Je ne connais ni la femme ni l’homme qui sont en sa compagnie… », avait affirmé l’indicateur des policiers.
Les officiers de la gendarmerie royale ont désormais tous les éléments en main. Ils se mettent en chasse de la Mercedes en question. Il leur suffit d’une poignée de minutes pour intercepter Hassan. Mais ce dernier tente de les semer. Il accélère en direction de la commune rurale d’Ouled Hamdane. C’est le début d’une course poursuite digne d’un film hollywoodien. A près de cent cinquante à l’heure, les gendarmes collent au train de la Mercedes du fuyard. Le problème est que Hassan conduit très bien. Mais les gendarmes n’ont pas dit leur dernier mot. Leur technicité leur permet de ne pas se laisser distancer. C’est alors que Hassan a ouvert la portière de droite et pousse au-dehors la femme qui se trouvait à ses côtés, pensant probablement que cela pousserait les gendarmes à interrompre la poursuite.
Grossière erreur d’appréciation. Car il n’y a pas qu’une jeep à sa poursuite. L’une d’elles s’arrête en effet pour récupérer la jeune femme tandis que les autres ne le lâchent pas. Soudain, Hassan change de direction. Il se dirige vers Mhioula. Une dune surgit sur leur chemin. Hassan et l’homme qui se trouve en sa compagnie descendent de la Mercedes et commencent à gravir la dune, poursuivis par un gendarme.
Aux abois, Hassan tente le tout pour le tout. Il dégaine son couteau, s’arrête sur place et se tourne vers le gendarme qui n’a pas sorti son arme : «Si tu ne me laisses pas m’enfuir, je rendrai tes enfants orphelins …». Mais il en faut plus que ça pour impressionner le gendarme, qui se jette sur Hassan et parvient à le maîtriser d’un coup de poing méthodiquement asséné.
Très vite, le gendarme se jette sur l’évadé. Hassan est menotté. Dans la Mercedes, les officiers saisissent couteaux et épées, deux fausses cartes d’identité nationale portant les photos de Hassan, un faux permis de conduire.
Plus tard, les perquisitions aboutiront à la découverte d’un troupeau de plus de deux cents moutons. Au domicile de Hassan, à Settat, les gendarmes découvrent enfin huit mille dirhams et le produit de plusieurs cambriolages. L’enquête permet également l’arrestation de trois autres complices, outre le jeune homme qui était en sa compagnie et la femme qui a été jetée hors de la voiture et qui n’est autre… que la propre femme de Hassan.
Abderrafii ALOUMLIKI
Aujourdhui.ma