Interdire purement et simplement la pornographie sur Internet est-elle la seule méthode efficace pour éviter que des mineurs n’y aient accès ? C’est la question à laquelle devra bientôt répondre un tribunal américain. Et dans ce procès, tous les coups semblent permis, y compris envoyer le FBI intimider Google, dans la plus pure tradition cinématographique italo-américaine.
Mais avant d’en arriver au fameux racket de Google, il est nécessaire de s’intéresser au procès qui est à l’origine de ce dérapage bien embarrassant.
Face à face : le gouvernement américain et la Cour Suprême. Le premier souhaite faire accepter le Child Online Protection Act, une loi qui limiterait grandement l’accès à la pornographie sur Internet, du moins en ce qui concerne les sites américains. L’objectif avoué est d’éviter que des mineurs n’y soient confrontés, mais l’idée titille aussi les plus conservateurs, avec ou sans enfants. La seconde, saisie par l’American Civil Liberties Union (ACLU), estime que cette loi telle qu’elle est rédigée est bien trop floue et empiéterait sur le fameux Premier Amendement, pilier de la liberté d’expression à l’américaine.
Le Child Online Protection Act est donc bloqué depuis 2004 dans les méandres du système constitutionnel américain. Seule porte de sortie pour le gouvernement : la Cour Suprême a exigé que le texte soit largement assoupli ou qu’on lui prouve qu’il s’agit, en l’état, de la seule méthode efficace pour protéger les enfants de la pornographie sur Internet.
Une visite chez Google
C’est afin d’appuyer leur démonstration que les avocats du gouvernement ont envoyé le FBI racketter Google en vue d’obtenir un impressionnant lot d’informations. Ils souhaitent disposer d’un million d’adresses web sélectionnées au hasard (probablement afin de déterminer quelle proportion est à caractère pornographique) mais aussi la totalité des termes recherchés par les internautes sur Google durant une semaine. Avec cette dernière requête, les avocats espèrent montrer que de nombreuses recherches renvoient des résultats inadaptés aux mineurs.
Contre toute attente, Goolge n’a pas cédé : le moteur de recherche a expliqué que cette requête était d’une portée trop vaste et surtout injustifiée. Il a ensuite ajouté qu’il combattrait vigoureusement toute nouvelle demande similaire.
Seule réponse des avocats du gouvernement américain : les autres moteurs de recherche n’ont pas hésité à collaborer, eux ! Les défenseurs du respect de la vie privée savent donc désormais où ne pas faire leurs recherches…