La bousculade s’est produite alors que des dizaines de milliers de pèlerins se hâtaient d’achever le rituel symbolique de la lapidation de Satan avant le coucher du soleil. Ils étaient des dizaines de milliers à affluer vers le Jamarat, série de trois piliers représentant le diable sur lesquels les fidèles musulmans jettent des pierres pour se purifier de leurs péchés.
Selon une estimation du Dr Abbasi, médecin du Croissant-Rouge qui se trouvait sur place, un millier de personnes ont été blessées. Le ministère de l’Intérieur a parlé de 289 blessés.
De nombreux incidents dramatiques ont eu lieu depuis 1979 lors du traditionnel pèlerinage de La Mecque. En 1990, une bousculade avait fait 1.426 morts. Cette année, le hadj avait déjà été endeuillé le 5 janvier par l’effondrement d’un immeuble utilisé comme hôtel par les pèlerins: 76 personnes avaient été tuées.
Selon le général Mansour al-Turki, porte-parole du ministère de l’Intérieur, des pèlerins ont trébuché sur des bagages abandonnés par leurs propriétaires, ce qui a entraîné une vaste bousculade. Il a précisé que 345 personnes avaient été tuées. La chaîne publique saoudienne Al-Ekhbariyah a rapporté que la plupart des victimes étaient originaires d’Asie du Sud.
Ahmed Mustafa, un pèlerin égyptien, a raconté avoir vu des corps entassés dans les camions de la morgue. «Il doit y avoir des dizaines de morts», a-t-il observé. «Soudain j’ai entendu des pleurs, des hurlements, des gémissements. J’ai regardé autour de moi et j’ai vu les gens qui tombaient les uns sur les autres», a expliqué Abdullah Pulig, un éboueur indien travaillant près du site.
Les piliers sont situés sur un large pont réservé aux piétons à Mina, près de la ville sainte de La Mecque. Quatre passerelles permettent aux pèlerins d’accéder au site. La bousculade s’est produite au pied d’une de ces passerelles, malgré les récents efforts des autorités saoudiennes pour éviter de nouveaux drames.
Quelque 60.000 membres des forces de sécurité avaient été mobilisés pour le pèlerinage qui a débuté mardi afin de réguler le flot de pèlerins. Des hélicoptères survolaient la zone, tandis que les mouvements de la foule pouvait être observés par les autorités grâce à une salle de contrôle où se trouvaient des écrans de vidéosurveillance. Mais la police est souvent apparue débordée.
Par ailleurs, les piliers avaient été remplacés par des murs pour permettre aux pèlerins de jeter leurs pierres sans avoir besoin de jouer des coudes. Le pont avait également été élargi, des passerelles supplémentaires avaient été installées et le temps accordé à chaque pèlerin pour perpétrer le rituel avait été prolongé. Des imams avaient par ailleurs émis des fatwas autorisant les pèlerins à débuter le rituel dès jeudi matin, et non la mi-journée comme prévu.
De nombreux chiites originaires d’Irak, d’Iran, du Bahreïn, du Liban et du Pakistan ont profité de ces décrets religieux pour se rendre sur place tôt. «C’est beaucoup mieux. Nous avons procédé au rituel avant que la foule ne prenne de l’ampleur», avait expliqué un ressortissant iranien, Azghar Meshadi, plusieurs heures avant la bousculade.
AP