A 2 ans, le bébé n’a pas encore prononcé ses premiers mots. Alors seulement les parents s’interrogent: «Et s’il était sourd?» Pour cet enfant, il est déjà trop tard. Les médecins vont l’appareiller, mais ses chances de réussir à parler correctement sont faibles. Car le nourrisson n’a pas été exposé aux sons au moment où la plasticité de son cerveau était la plus grande, durant sa première année de vie. Certaines connexions qui ne se sont pas établies durant cette période sont définitivement perdues. Pour éviter un tel gâchis, le CHU de Rouen a décidé de dépister la surdité chez tous les bébés qui naissent dans l’établissement, à partir de janvier 2006. Ailleurs en France, huit départements appliquent déjà cette procédure dans toutes leurs maternités.
Le dépistage repose sur un test indolore, qui ne réveille même pas le chérubin. Une sonde, posée à l’entrée du canal auditif, émet un son. Si l’oreille interne fonctionne bien, elle renvoie un écho qui est détecté par l’appareil, selon le principe d’oto-émission acoustique. L’enjeu est de taille. Ce handicap est le plus fréquent chez le nouveau-né: de 1 à 3 cas sur 1 000 naissances. Or les enfants appareillés très tôt ont 3 chances sur 4 d’acquérir une élocution normale, au prix de séances régulières d’orthophonie. «Ils suivent une scolarité classique, au lieu d’être orientés vers une structure pour sourds et malentendants», souligne le Dr Yannick Lerosey, ORL au CHU de Rouen. A quand le dépistage généralisé en France? La Caisse primaire d’assurance-maladie a lancé une étude de faisabilité. Résultats attendus pour 2007.
Source : L’express