La tension monte d’un cran au Centre hospitalier universitaire CHU Ibn Rochd de Casablanca. Les médecins internes et résidents de cet établissement sanitaire public ont décidé d’observer un grand mouvement de grève pour faire aboutir leurs revendications socio-professionnelles. C’est le moyen qu’ils ont choisi pour se faire entendre. Selon un communiqué commun des deux Associations des médecins internes et résidents du CHU de Casablanca, ces médecins, un maillon nécessaire à la bonne marche des services hospitaliers, devraient entamer leur grève aujourd’hui, mercredi 28 décembre 2005. Les grévistes déclarent être déterminés à poursuivre leur mouvement de protestation en l’an 2006. Ils ont même décidé de durcir le ton. Une série de grèves de huit jours au mois de janvier prochain (3-4-17-18-19-24-25-26 janvier 2006) est ainsi prévue avec l’organisation d’un sit-in devant le siège du CHU. De même qu’il est prévu une grève au mois de février 2006 dans tous les services de l’hôpital, y compris les urgences et les services de la réanimation. Face à l’indifférence des responsables à propos de notre situation catastrophique, nous avons décidé d’agir pour défendre nos intérêts et ceux des patients. Car le grand perdant c’est le patient. Nos revendications sont justes et légitimes., affirme Ahmed Belhouss, président de l’Association des médecins résidents du CHU Ibn Rochd.
Ces médecins réclament en premier lieu la révision de leur statut et des modalités des examens pour l’obtention du Diplôme de la spécialité médicale (DSM), la comptabilisation des années d’ancienneté ainsi que l’intégration à la fonction publique à partir de la première année de résidanat. Les modalités des examens pour l’obtention du DSM sont inadéquates. Ce système a été entièrement calqué sur le model français. Il a été adopté en 1996. Sachant que les Français l’ont balancé à la poubelle après huit mois d’expérience. Car il s’est avéré un échec total. Il est aberrant qu’après 5 ou 6 ans de formation dans une spécialité médicale qu’on vienne me dire que je suis non apte à l’exercer. Et ceci pour la simple raison que je n’ai pas eu une bonne note dans l’examen final. Et alors qu’en est-il de toutes ces années d’exercice dans l’hôpital ?
Il convient de noter que les médecins résidents consultent les patients, prescrivent les médicaments et font des opérations chirurgicales au cours de leur formation. C’est insensé qu’un simple examen de 2 heures remet en cause tous les efforts déployés durant ces longues années., indique Dr.Ahmed Belhouss. Et d’ajouter: Nous ne sommes pas contre l’évaluation. Cependant, il faut mettre en place des mesures d’évaluation adéquates. Les médecins dénoncent leurs conditions de travail déplorables dues surtout à un manque de personnel médical et paramédical, de matériels adéquats et performants, au sein du Centre hospitalier Ibn Rochd. Le droit à la prime de rendement est l’une des importantes revendications des médecins résidents de CHU. Nous réclamons notre droit de bénéficier de la prime de rendement. Les infirmiers et les agents de services, entre autres, ont eu droit à cette prime, alors que les médecins résidents ont été tout simplement écartés. C’est injuste., s’indigne Dr.Ahmed Belhouss.
Contacté par ALM, le directeur du CHU Ibn Rochd, Mohamed Andaloussi, a qualifié ce mouvement de grève d’inadmissible. Il a tenu également à préciser que certaines revendications des médecins ne relèvent pas de ses compétences. La révision du statut des médecins internes et résidents ne relèvent pas des compétences de la direction du CHU. Cette décision revient aux instances compétentes, à savoir les ministères de la Santé, de l’Enseignement, des Finances et de la Modernisation du secteur public. Concernant la prime de rendement, il est vrai que ces médecins n’ont pas droit à cette prime selon les réglementations en vigueur. En mai 2004, nous avons reçu un texte de loi qui régit le statut particulier du personnel du CHU. Il stipule que seul le personnel intégré de cet établissement peut toucher une prime de rendement annuelle. Les médecins résidents ne font pas partie du personnel du CHU, ils sont encore en cours de formation., souligne le professeur Mohamed Andaloussi.
Cette lutte pour le statut, le salaire et l’amélioration des conditions de travail n’est pas nouvelle dans le secteur de la santé. Elle existe déjà depuis des années.
En attendant la résolution de ces problèmes, le patient continue à payer un lourd tribut.
Source : Aujourd’hui